Désillusion Avant de fermer la parenthèse de l?épisode du match de l?EN à Sfax face au Maroc, revenons une dernière fois sur ce qui s?est passé en cette nuit d?enfer du 8 février 2004. «On vous a débarrassés de ces chiens !» Cette phrase d?un supporter marocain restera gravée dans nos mémoires, comme le sont d?ailleurs les événements qu?a vécus le public algérien qui a fait le déplacement à Sfax pour soutenir cette Equipe nationale naissante. Les responsables tunisiens ne pouvaient espérer mieux que cette issue afin de se débarrasser de ces supporters algériens qui commençaient à en faire un peu trop avec leurs déplacements en masse et les quelques dépassements constatés ici et là. La Tunisie est un pays calme et paisible, il ne faut pas le déranger. Tout avait commencé à 19h 40, lorsque Hadji, entré à la place d?El-Karkouri, marque le second but pour le Maroc, quelques supporters algériens surexcités et en colère de la tournure que prenait le match, commencent alors à arracher les sièges et à les lancer sur le terrain. Antar Yahia a beau faire des gestes de la main pour les calmer, en vain. Les agents de la Garde nationale, qui avaient quadrillé le stade dès la mi-temps, reçoivent l?ordre d?intervenir de manière musclée pour l?évacuer. Les coups fusent de partout. Matraque à la main, les hommes en vert, aidés par des policiers en tenue et d?autres en civil avec des brassards rouges, mais aussi les stadiers, vont frapper sans distinction tous les supporters assis dans les tribunes. Même ceux qui se sont rassemblés en petits groupes et qui levaient les mains en signe de neutralité, n?ont pas été épargnés. Les coups sont très violents, le sang gicle et les premiers blessés, dont certains gravement, tombent à terre. Les journalistes algériens se lèvent, alors que les joueurs sur le terrain sont pratiquement déconcentrés par l?atrocité de ce qui se déroule dans les tribunes. Les supporters courent dans tous les sens. Le «spectacle» change de lieu et se déplace carrément dans les gradins. Nous n?avons même pas le temps d?apprécier le troisième but marocain que des accrochages se sont déclenchés entre des journalistes et officiels algériens et des responsables tunisiens. De la tribune d?honneur, des gradés de la police et de la Garde nationale haranguent leurs troupes afin de terminer proprement le sale boulot. Il faut viser la tête. Les blessés ne sont pas épargnés, même ceux à terre. Quelques groupes de durs supporters algériens tentent de réagir, mais peine perdue car le combat est inégal. Le stade est vidé à la grande joie de ces brutes sans pitié qui, d?un coup de baguette magique, retrouvent leur froideur et leur calme, comme si de rien n?était. L?arbitre libyen siffle la fin de la partie, tout le monde essaye de se frayer un chemin pour rejoindre les vestiaires qui sont de l?autre côté du terrain.