Résumé de la 8e partie n Eichmann écrit et signe une déclaration où il accepte de se rendre en Israël pour y être jugé... A la capitulation, il s'est retrouvé prisonnier des Américains, mais il s'est évadé. Il est devenu bûcheron pendant quatre ans, dans la province de Celle, en Allemagne. Il a alors essayé de rejoindre sa femme, qu'il savait être à Alt-Aussee, mais la présence de policiers l'en a dissuadé. Il a pris contact avec l'organisation ODESSA, qui l'a fait passer en Italie. A Gênes, un moine franciscain lui a remis un passeport au nom de Ricardo Klement, avec un visa pour l'Argentine. Même si jusqu'ici tout s'est passé sans difficulté, Yigal, Gad et Dov ne sont pas arrivés au bout de leur tâche. Il reste le plus difficile : faire quitter le territoire à Eichmann et le ramener en Israël. Le moindre incident peut entraîner l'échec de toute l'opération et avoir des conséquences diplomatiques catastrophiques. Il se trouve qu'une délégation officielle israélienne se rendra en Argentine le 19 mai et repartira le 20. Il est décidé qu'on utilisera son avion pour le voyage. D'ici là, il faut garder le prisonnier dans la villa, en espérant qu'on ne le retrouvera pas... Il y a des raisons d'être à la fois confiant et inquiet. D'un côté, la docilité d'Eichmann laisse penser qu'il n'y aura pas de tentative d'évasion de sa part mais, d'un autre, Vera Leibl a signalé sa disparition en révélant sa véritable identité et la police argentine est à sa recherche. Nul incident n'est pourtant à signaler et, le jour venu, toute la mise en scène prévue s'accomplit dans les moindres détails. Le prisonnier reçoit du café drogué, qui le plonge dans un profond sommeil. Il est habillé d'un pyjama et d'une robe de chambre de soie. Un peu plus tard, une luxueuse voiture noire s'arrête devant la maison. Au volant, un auxiliaire argentin. Gad et Dov sont habillés en infirmiers. Eichmann est censé être un riche malade qui veut rentrer dans son pays. Il a des papiers au nom de Khaïm Lifchitz ; Yigal, qui a pris place à ses côtés, se fait passer pour son cousin. Les trois Israéliens et l'Allemand ont des passeports diplomatiques, ce qui devrait leur permettre de passer sans encombre les formalités de police. Effectivement, le groupe n'éveille aucun soupçon. A l'aéroport Eichmann, inconscient, est placé sur un brancard, que portent Gad et Dov, Yigal suivant à quelques pas. Bientôt, tout le monde embarque dans l'avion de la délégation israélienne qui, après une escale en Afrique occidentale, se pose sur l'aérodrome de Lod, à Tel-Aviv. Cette fois, c'est bien fini. L'opération est un succès complet. Le lundi 23 mai au matin, un magistrat vient voir le prisonnier dans sa cellule et lui notifie officiellement son inculpation. Le même jour, le Premier ministre David Ben Gourion prend la parole devant la Knesset, le Parlement israélien. Les journalistes ont été convoqués pour entendre, leur a-t-on dit, une «déclaration de la plus haute importance». Ils ne vont pas être déçus ! Ben Gourion dit d'une voix solennelle : — Adolf Eichmann, qui a partagé avec les chefs nazis la responsabilité de ce qu'ils ont nommé la «solution finale de la question juive», a été retrouvé. Il est présentement en état d'arrestation en Israël. Il sera jugé conformément à la loi sur les criminels nazis... Dans le monde entier, l'émotion est considérable. En Israël, elle est indescriptible. L'Argentine proteste solennellement contre cette violation du droit international et porte plainte devant le Conseil de sécurité. Golda Meïr, ministre des Affaires étrangères d'Israël, présente ses excuses au gouvernement argentin et fait un plaidoyer pour justifier l'opération. Le Conseil de sécurité estime que les excuses sont une réparation suffisante. L'affaire est close. D'ailleurs, l'Argentine ne réclamait pas la restitution d'Eichmann.