InfoSoir : La réforme de l'éducation nationale entamée depuis 2003 n'est pas encore achevée. Quel est votre appréciation sur ce qui a été déjà réalisé au plan pédagogique ? Idir Achour : Je tiens d'abord à souligner que le ministre de l'Education nationale a décidé d'entamer la réforme à sa manière en faisant abstraction des recommandations de la commission Benzaghou et sans aucune concertation avec les acteurs intervenant dans le secteur à savoir les syndicats, les parents, les enseignants et les inspecteurs. Huit ans après, nous constatons que les objectifs fixés ne sont que des illusions et plusieurs anomalies ont apparu. La progression pédagogique dans plusieurs matières (maths, langues...) fait ressortir un manque de pré requis chez l'élève lors du passage d'un cycle à un autre ; les moyens matériels exigés par la réforme ne sont pas mis en place. Nous travaillons toujours avec des classes de 40 élèves et plus et la formation des enseignants dans l'approche d'enseignement par compétence n'est pas effectuée. En un mot, la réforme du système éducatif répond au souci de la gestion des flux de la scolarisation dans l'objectif de minimiser les dépenses publiques dans le secteur et non à la formation du citoyen de demain. Plusieurs engagements n'ont pas été tenus comme la généralisation de l'informatique, le chauffage, les casiers... M. Benbouzid n'a jamais tenu ses promesses que ce soit pour la prise en charge des problèmes sociaux des travailleurs ou des besoins en termes matériels et pédagogiques exigés par la réforme. La suppression du cycle fondamental est-elle une bonne option ? La suppression du système fondamental est la résultante de son échec. Mais la réforme n'a pas permis d'atteindre les objectifs escomptés et vouloir juger sa réussite par les taux de réussite dans les différents examens est une grave erreur. Le système d'évaluation sur la base de la notation est déjà révolu. Que suggérez-vous pour que l'Ecole algérienne réponde aux attentes de la société ? La réforme d'un système éducatif est une question de projet qui doit impliquer toute la société avant de l'entamer. A mon sens, il est temps d'agir en organisant des assises nationales pour l'évaluation de la réforme en impliquant tous les spécialistes en la matière et les intervenants dans le secteur pour ensuite répondre à la question : que faire maintenant ? *Membre du conseil national du Conseil des lycées d'Algérie (CLA)