Changement n Les prix des produits alimentaires ont tellement augmenté dans notre pays, ces dernières années, qu'on ne parle plus de hausse, mais de flambée. Pour le commun des citoyens, la vie n'a jamais été aussi chère. «J'éprouve toutes les peines du monde à joindre les deux bouts !» La phrase est sur toutes les lèvres tant tout est onéreux. «Même l'oignon est hors de notre portée», soulignent d'aucuns. Il faut dire qu'aucun produit n'a échappé à cette ascension vertigineuse des prix. La situation est telle que faire le marché est devenu une sorte de phobie pour beaucoup. «Franchement, j'ai horreur d'aller au marché car les prix n'arrêtent pas de grimper. Ce qui se vendait il y a une année à 30 dinars est proposé aujourd'hui à 50 ou 60 dinars. C'est incroyable comme la mercuriale a pris de la hauteur», affirme un père de famille rencontré au marché Rédha-Houhou (ex-Clauzel), à Alger-Centre. Ceci étant, les Algériens sont unanimes à reconnaître que tout est disponible. Sucre, huile de table, bananes, kiwis, pommes, oranges, tous les produits sont, en effet, proposés par les épiciers et les marchands de fruits et légumes. Certes, des tensions sont enregistrées de temps à autre sur certaines denrées comme les pommes de terre ou le sucre. Mais globalement, la disponibilité est la règle. Pourtant, il fut un temps où tout manquait. Jusqu'au début des années 1990, il fallait faire des pieds et des mains pour avoir quelques kilogrammes de pommes de terre et des litres d'huile de table. D'interminables files d'attente se formaient devant les fameux Aswak el-fellah et autres Galeries algériennes à chaque fois que le bouche à oreille annonçait une «distribution ». A l'époque, les Algériens ne se plaignaient pas de la flambée des prix. C'est que l'Etat était le seul producteur, importateur et distributeur et, de ce fait, la spéculation était inexistante. En lieu et place, il y avait cependant la vente concomitante. Pour avoir droit, par exemple, à un bidon de 5 litres d'huile de table, il fallait acheter un…arrache-clous, un jerrican ou tout autre article qui ne se vendait pas. Autres temps, autres pratiques ! Aujourd'hui, le client est roi dans la mesure où il a l'embarras du choix : il peut acheter ce qu'il veut. Mais «c'est un roi sans couronne », pense-t-on. C'est que l'inflation qui s'est installée, a eu raison de son pouvoir d'achat. Alors qu'il prenait son porte-monnaie pour faire ses emplettes «dans une brouette» comme le dit si bien le génie populaire, il a fini par être contraint à ramener de l'argent avec lui «dans une brouette » pour faire le marché et mettre ses achats «dans son porte-monnaie ». Comme quoi, les temps ont vraiment changé…