L'abeille, que l'on appelle parfois, «la pharmacienne ailée», en raison des bienfaits de son miel, n'est pas seulement connue pour ce produit, à la fois délicieux, nourrissant et curatif. Cet insecte est lui-même utilisé pour combattre certaines maladies. On s'est, en effet, rendu compte, très tôt, que la piqûre d'abeille, en pénétrant dans le corps, libère un venin qui – même s'il fait mal, à l'instar des autres venins d'animaux, et même quand les piqûres sont nombreuses et profondes entraînent la mort – peut également être utilisé, comme le venin de serpent, pour soigner. Les Anciens, suivant la prescription du médecin grec, Dioscoride, séchaient les abeilles mortes, les pulvérisaient et les mettaient dans un onguent pour soigner les pelades et faire repousser le poil. Les effets du venin d'abeille n'était pas mentionné et il semble que les grands médecins de l'antiquité ignoraient son usage. En Occident, il a fallu attendre le XVIIIe siècle. Le Français Réaumur (1683-1757), connu pour ses inventions, dont le thermomètre à alcool, qui porte son nom, était aussi un entomologiste célèbre. Dans ses mémoires Pour servir à l'histoire des insectes, il a étudié la vie des fourmis, les guêpes, le système digestif des abeilles, etc. C'est lui qui a découvert qu'une goutte de venin d'abeille introduite sous la peau, provoque le même effet que la piqûre. Quand il a présenté sa découverte à l'Académie des sciences, un membre a soutenu que c'est le dard qui provoque la douleur. Réaumur lui a proposé de le mettre à l'essai : la «goutte» provoqua une telle douleur que l'académicien s'évanouit !