Menace de nouvelles sanctions, l'option d'une attaque contre Téhéran non écartée par Obama lui-même, intenses concertations entre plusieurs dirigeants européens : c'est l'inquiétude du camp occidental devant le dossier de l'uranium iranien, dossier qui n'a apparemment pas livré tous ses secrets et ses capacités. Pour Ahmadinejad, «ce site est parfaitement légal». Hier, l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) a annoncé avoir été informée par l'Iran qu'il construisait un second centre d'enrichissement d'uranium, en plus de celui déjà existant de Natanz (Centre). Une annonce qui a immédiatement fait réagir les puissances occidentales et fait dire au secrétaire américain à la Défense, que la solution était peut-être l'option militaire face à Téhéran. Robert Gates a, en effet, estimé hier qu'une éventuelle offensive militaire contre l'Iran ne ferait que «faire gagner du temps» aux Etats-Unis et à leurs alliés et retarderait le programme nucléaire de Téhéran «d'un à trois ans». Obama n'a pas manqué d'apporter de l'eau au moulin de son ministre en affirmant, hier soir, qu'une offensive militaire en Iran n'était nullement exclue. Américains, Britanniques et Français estiment que non seulement cette usine aurait dû être déclarée dès sa construction aux organismes internationaux, mais que ses caractéristiques ne sont pas cohérentes avec une finalité civile. Les Occidentaux veulent que les Iraniens accordent aux inspecteurs de l'Aiea l'accès au site suspect, qui se trouverait près de la ville religieuse de Qom, au sud de Téhéran, dissimulé dans un camp militaire. Rompant avec les obligations économiques du sommet du G20 à Pittsburgh (est des Etats-Unis) pour apparaître avec le Français Nicolas Sarkozy et le Britannique Gordon Brown, Obama a qualifié l'usine de «défi direct» lancé aux règles mondiales contre la prolifération. «Si d'ici à décembre, il n'y a pas de changement profond de la politique iranienne, des sanctions devront être prises, il en va de la paix et de la stabilité», a prévenu, de son côté, Sarkozy. Tard, hier soir, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a rencontré le Président Ahmadinejad et a exprimé sa «grande inquiétude» après ces nouvelles révélations. M. Ban a appelé l'Iran à coopérer avec l'Aiea pour lever «toutes les inquiétudes sur son programme nucléaire». Le site est «parfaitement légal», a répliqué le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à New York devant l'Assemblée générale de l'ONU. Les Iraniens ont toujours nié chercher à se doter de la bombe atomique sous le couvert de programme civil. Selon eux, le site de Qom n'est pas secret puisqu'ils viennent de le déclarer à l'Aiea. Les analystes estiment qu'en décidant de lever le voile sur la construction d'une deuxième usine d'enrichissement d'uranium, l'Iran affirme sa volonté de transparence, mais aussi sa fermeté avant une réunion cruciale avec les grandes puissances le 1er octobre (Etats-Unis, Chine, Allemagne, France, Grande-Bretagne et Russie). L'enrichissement d'uranium est au cœur du différend entre Téhéran et les capitales occidentales puisque ce processus, incontournable pour la production d'énergie nucléaire, peut aussi mener à l'élaboration d'une bombe atomique.