Résumé de la 1re partie Au tribunal d?Alger, Saïd, un commerçant riche et à la réputation irréprochable, doit répondre d?un meurtre. «Monsieur Saïd, pour quelle raison ces gens vous accompagnaient-ils ?», demande le président. ? Je voulais faire constater mon infortune par plusieurs témoins, répond l?accusé qui s?est redressé en appuyant les mains sur la barre du box. Je voulais demander le divorce et aussi la garde de mes deux enfants. ? Monsieur ! demande encore le magistrat, l?un de ces témoins savait-il que vous étiez armé ? Dans le box, Saïd pâlit. ? Non», répond-il, hésitant. 30 septembre, 15 h. La voiture de Saïd B. se gare devant le domicile de son rival. Peu après, Ali, répondant à un coup de sonnette, lui ouvre la porte. Derrière lui, les cheveux défaits, se tient Wassila. «Ils me regardaient, murmure l?accusé, comme si j?avais tort de venir troubler leur tête-à-tête. J?ai eu des mots plus que sévères envers Ali. Il me semble que j?en avais le droit. ? Cela, personne ne vous le conteste.» Le procureur général se lève et prend la parole : «Mais ce qui s?est passé ensuite est un crime? ? Pas du tout, s?insurge Saïd. J?ai tué Ali, c?est vrai, mais c?était parce qu?il m?avait attaqué le premier ! ? Attaqué ? s?étonne le président, nous allons demander ce qu?il en est aux témoins de la scène, à commencer par Wassila, votre ex-femme, qui se trouvait à moins d?un mètre de vous quand vous avez couru pour vous emparer de votre fusil, acquis dans le cadre de l?autodéfense, et tiré. Greffier, veuillez appeler Mme Wassila. ? Elle n?est pas présente, Monsieur le président, elle a été transférée à l?hôpital de la prison.» L?officier s?avance, une feuille de papier à en-tête à la main : «L?administration pénitentiaire a adressé à la cour un certificat médical affirmant qu?il lui est impossible de quitter le lit?» Des murmures étouffés, quelques cris de protestation fusent du fond de la salle où sont installés proches et amis de Saïd. Et puis le calme revient. «Très bien, nous nous passerons donc de son témoignage, dit le président, visiblement agacé. Greffier, faites entrer Ahmed.» Le voilà qui arrive, ce tout petit homme, vêtu d?un costume clair et coiffé soigneusement. Appuyé sur sa canne, il traverse la salle, s?arrête juste devant la barre et commence : «J?étais à dix mètres environ de mon ami Saïd, quand je l?ai vu se disputer avec son comptable. Je peux vous jurer que c?est Ali qui l?a provoqué ! Il s?est moqué de lui et de sa souffrance. Et comme Saïd lui répondait, il lui a porté un violent coup à l?épaule. J?ai crié «Arrêtez ! arrêtez !» mais il a redoublé de violence. ? Était-il armé, monsieur ? demande le procureur général. ? Non, mais... ? Pas armé ! répète le représentant du ministère public. Puis il se tait un instant avant de demander au témoin : Et qu?entendez-vous exactement par ?redoubler de violence? ? ? Eh bien, il a porté un deuxième coup de poing à mon ami. ? Il dit vrai. C?est au tour de Salim, le cousin de Saïd B. et le deuxième témoin de la scène du crime, de déposer. Il était menacé ! poursuit-il avec conviction, je suis certain qu?il n?aurait pas tiré si...» (à suivre...)