Représentation La pièce de Ahmed Ben Aïssa nous pousse à nous interroger sur le théâtre algérien. Ecrite par Youcef Taouint et mise en scène par Ahmed Ben Aïssa, Cris d?Amour raconte l?Algérie, son histoire et son malaise ; elle raconte, dans divers tableaux, les grands moments marquants de son passé, la prise d?Alger, la résistance de l?Emir Abdelkader, la guerre de Libération nationale, l?indépendance, les événements d?octobre, l?assassinat de Mohamed Boudiaf et la décennie noire. Une rétrospective d?une société politiquement en mutation. Cris d?Amour est une fresque historique. D?un tableau à un autre, une narratrice, une gouala aux couleurs de l?Algérie (vert, blanc et rouge) intervient pour raconter, narrer, dire l?Algérie, son passé et tous les événements douloureux qui l?ont marquée et secouée. Cris d?Amour, c?est aussi un cri d?espoir, l?espoir d?un havre de paix et de liberté? La pièce comporte une forte charge émotionnelle. La thématique que développe la pièce est certes intéressante et attachante, même si c?est du «redite», mais sur le plan de la forme, elle présente (hélas !) un réel déficit artistique. C?est-à-dire que le jeu reste immature rendant ainsi la trame de l?histoire prosaïque «inacceptable». D?abord les personnages sont artificiels. Aucun soupçon d?authenticité ou de crédibilité ne se dégage de leur jeu. L?on ressent, d?emblée, un effort de la part des comédiens de mettre en scène les personnages qu?ils incarnent. Ils ne jouent pas leur rôle, plutôt ils le débitent, comme s?ils récitaient un discours. Un jeu prosaïque dans le sens où il y a absence de poésie. La pièce manque d?esthétique ; aucune recherche ni dans le style ni dans la forme. Elle manque, par ailleurs, de caractère et de portée, l?écriture scénique est passable, la mise en scène insuffisante. Cris d?Amour nous pousse à nous interroger sur le théâtral algérien : vit-il une crise ? Peut-on parler de crise de l?esthétique ? Le théâtre algérien souffre effectivement depuis quelques années d?un malaise qui se traduit par l?absence d?une réelle préoccupation d?une recherche de nouvelles formes esthétiques. Point d?innovation ni d?originalité. L?absence d?esthétique fait stagner le théâtre algérien dans l?immobilisme et dans une pratique théâtrale caduque qui, de nos jours, n?opère plus. A quand une réflexion neuve et pratique sur le théâtre algérien ?