Ecrite par le Marocain Abdelkrim Barchid et mise en scène par le Tunisien El Moundji Ben Brahem, la pièce sera jouée par 22 comédiens algériens. Quiconque rendra visite ces jours-ci au Théâtre national algérien remarquera, certainement, une dynamique extraordinaire. On se dit peut-être que c'est tout à fait normal, du moment que l'événement culturel de l'année, à savoir «Alger, capitale de la culture arabe» est sur les portes. Oui, mais il y a autre chose. C'est que cette dynamique est due beaucoup plus aux préparatifs de la pièce Al Hakawati Al Akhir (Le Dernier conteur), du dramaturge marocain Abdelkrim Barchid. Mise en scène par le Tunisien Al Moundji Ben Brahem, assisté par Driss Chekoumi, la pièce sera jouée le 22 janvier au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Elle sera représentée dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe» mais aussi à l'occasion de la célébration du 43e anniversaire de la nationalisation du Théâtre national. Al Hakawati Al Akhir sera, en outre, jouée par pas moins de 22 comédiens algériens. On cite dans cette optique, Hayder Benhacène, Abbas Mohamed Islam, Ali Djebara, Abdelkrim Z'ribi, Guermi Djamel, Zaïdi Yacine, Amel Menighed. A cette liste, on ajoute un groupe de comédiens en 4e année à l'Institut national des arts dramatiques et chorégraphiques de Bordj El Kiffan. Dans Al Hakawati Al Akhir (Le Dernier conteur), l'auteur Abdelkrim Barchid nous prend par la main et nous propose de faire un voyage avec ses personnages, plutôt avec son personnage. Car dans le Hakawati, c'est le conteur qui, assis au milieu du groupe, ou de la halqa, se met à raconter, aux spectateurs qui se sont regroupés autour de lui, des histoires. Elles peuvent êtres aussi bien tirées du terroir que du vécu quotidien de la société. Le conteur, sans maniérisme, s'incruste dans la peau de ses personnages. Néanmoins, pour ce faire, il ne doit, en aucun cas, imiter leurs accents, ni le ton de leur voix encore moins leur expression faciale ou gestuelle. Le conteur doit seulement raconter. Il faut souligner en outre, que ce genre de théâtre on le retrouve en Algérie chez le dramaturge et comédien Abdelkader Alloula, assassiné en 1994. Toutes ses pièces se basent sur le conteur, ou le Goual. D'ailleurs, toutes les pièces de ce dramaturge tournent autour de cette figure mythique de la société algérienne qu'est le conteur. Par ailleurs, la pièce qui est actuellement en phase de répétitions intenses mérite d'être écrite par un marocain, mise en scène par un Tunisien et jouée par des Algériens. Cela lui confère, ainsi, un cachet maghrébin. Aussi, si nous devons tirer une leçon de cette pièce, abstraction faite, bien sûr, du sujet traité, c'est bien celui d'avoir réuni, pour une fois des Maghrébins. La pièce est, également, une leçon aux hommes politiques du Grand Maghreb. Là où le politique a échoué, l'artiste a réussi. Au théâtre, en littérature, en arts plastiques, comme dans le cinéma, l'UMA n'est pas un rêve mais bien une réalité. Une réalité que la pièce Le dernier conteur confirme. Soulignons enfin que Abdelkrim Barchid est né en 1943 dans la ville d'Aberkane, à l'Est du Maroc. Il a à son compte, une trentaine de pièces de théâtre. El Moundji ben Brahem, quant à lui, est né en 1947 à Tunis. Il est enseignant à l'Ecole des arts dramatiques de Tunis. Il a été l'un des fondateurs du Théâtre national tunisien; comme il est l'un des fondateurs du festival de Carthage.