Avis n Dalila Nadjem, commissaire du Festival international de la bande dessinée, livre, dans cet entretien, ses impressions sur ce que l'on peut appeler le 9e art. InfoSoir : Comment s'annonce la 2e édition ? Dalila Nadjem : Du point de vue de la communication, ça s'annonce très bien. Je pense que la presse, la radio et la télévision ont fait leur travail. Maintenant, on attend. On verra comment va se présenter le festival. Mis à part cela, il y a trois concours qui ont drainé beaucoup de monde, surtout des jeunes. On peut donc comprendre à travers cela, que la participation de cette année ne sera pas plus importante que celle de l'année dernière. Mais en qualité, cette édition sera meilleure. Quel est le but des concours ? C'est de faire le meilleur ouvrage, la meilleure B.D., d'avoir un très bon scénario, une très bonne présentation. Et puis l'objectif est de pousser et d'encourager ces jeunes talents à aller de l'avant et de les faire éditer dès qu'ils obtiendront un prix. Quels sont les objectifs du festival ? De lancer cette nouvelle génération, la mettre vraiment à jour, propulser les jeunes talents, redynamiser le secteur de la bande dessinée et puis relancer, surtout, le monde éditorial dans la B.D. Là, on va inciter les éditeurs à s'investir davantage pour relancer l'industrie de la bande dessinée. Quel est l'apport du festival dans la relance de la bande dessinée ? C'est quand même le support le mieux adapté pour pouvoir mettre à jour, lancer, présenter et les nouveautés et les nouveaux talents, et puis relancer la production. C'est surtout ça. Et puis du point de vue éditorial, c'est tout de même un événement qui a sa place. C'est le 9e art. Il a sa place comme tous les autres arts. Et comment relancer la production ? Avec la nouvelle génération et même avec l'ancienne. Tous ces auteurs se sont mis à travailler cette année. L'année prochaine, on va avoir encore plus de b.d et de bédéistes. La machine est déjà mise en place. Est-ce qu'il y a des expériences éditoriales ? Certainement qu'il y en a eu, c'est pour cela que pendant vingt-cinq ans, il n'y a pas eu d'édition de b.d. Je pense qu'on n'a pas su répondre à la demande. Il y a là une jeunesse qui demande de la b.d, il faut répondre à leur souhait, ça peut être les Mangas, ou aussi la nouvelle génération de bande dessinée qui existe. Quelles sont les raisons qui font que les éditeurs refusent d'investir dans la bande dessinée ? Il y a des éditeurs qui ont investi dans la b.d. L'année prochaine il y en aura d'autres et davantage. Il faut laisser le temps au temps. Je pense qu'il faut quand même attendre. Le moment adéquat arrivera. Il y aura plus d'auteurs, donc plus d'éditeurs. Il y aura aussi plus de production. Parce qu'avec le festival, les éditeurs vont s'investir, les gens vont commencer à travailler. Les portes vont s'ouvrir. l Interrogée sur le fait que la bande dessinée constitue un investissement lourd, Dalila Nadjem dira : «L'édition en elle-même est un investissement lourd, donc si on est éditeur, on prend le risque d'éditer.» «Quant au prix, je pense qu'avec le temps, on arrivera quand même à réguler le marché, et puis à offrir au public des prix très attrayants.» S'exprimant sur ce qu'on pourrait dire de la bande dessinée algérienne, elle soulignera : «Elle est pleine de vie et de talent. Elle est vraiment magnifique. Et puis les thèmes sont variés. Il y a vraiment quelque chose à faire avec cette nouvelle génération. Les sujets abordés sont relatifs à la société, au rêve… Tous les thèmes sont traités. C'est un moyen pour eux de s'exprimer.» Interrogée enfin sur la place que peut occuper la bande dessinée algérienne dans le paysage éditorial africain, Dalila Nadjem est confiante : «Elle est en bonne place.» Et d'insister : «La bande dessinée algérienne a toujours été en très bonne place. Elle était pionnière dans les années 1960 jusqu'aux années 1980. Mais bon, après ce qui s'est passé, il y a eu un silence comme dans tous les domaines. Même dans le domaine éditorial, il n'y a que quelques années que les éditeurs ont relancé le livre. Il faut donc laisser le temps à chaque chose. Et là, je pense qu'avec le temps le monde éditorial algérien, avec toutes les catégories confondues, sera à la hauteur de ce qu'il devrait être.»