Réflexion n Il retourne dans la maison, soulève le couvercle de la marmite, prend la fève avec une louche, la mange, repose le couvercle et sort discrètement. Un jour, Djeha, comme cela lui arrive souvent, est à court de provisions. Il fouille son garde-manger et ne trouve qu'une fève sèche, mais si grosse que Djeha la regarde, émerveillé. — Elle pourra me servir, à elle seule, de déjeuner ! Il réfléchit. — Mais suffira-t-elle à me rassasier ? Et puis, une fois mangée, il ne lui restera plus rien. Plutôt que de manger sa fève, il pense au moyen d'en tirer profit. Il sort de chez lui et entre chez une voisine. — Mon feu est éteint, dit-il, veux-tu cuire ma fève pour moi ? La femme répond. — Bien sûr, j'ai mis la marmite sur le feu. — Voilà ma fève, dit Djeha. — Mets-la toi-même dans la marmite ! Djeha soulève le couvercle de la marmite et met sa fève. Il sort. Mais il ne s'éloigne pas trop. bien caché, il guette la voisine. Celle-ci finit par quitter sa maison, pour une course. Alors, il retourne dans la maison, soulève le couvercle de la marmite, prend la fève avec une louche. Elle est cuite à point. Il la mange, repose le couvercle et sort discrètement. Puis, il reprend sa place et attend le retour de la voisine. Alors, il retourne chez elle. — Tiens, c'est toi, dit-elle en voyant Djeha. — Oui, je viens récupérer ma fève ! — Je suis occupée ! — Je veux ma fève, insiste Djeha. — Alors, prends-la toi-même, là où tu l'as placée ! Djeha va vers la marmite. Il soulève le couvercle, fait semblant de chercher avec la louche. — Je ne la trouve pas, dit-il. — Cherche-la bien, personne ne l'a prise ! — C'est que je ne la trouve pas ! — Et pourtant elle est grosse ! — Non, non, elle n'y est pas ! Il repose le couvercle et va vers la femme. — Je veux ma fève ! — Je ne l'ai pas mangée ! — Si tu l'as pas mangée, qui l'a mangée alors, la marmite ?! La femme s'impatiente. — Ecoute, je te donne une mesure de fève et on n'en parle plus ! — Je veux ma fève ! — Je te donne une mesure plus grande ! — Non, la marmite a mangé ma fève, je veux la marmite ! Il insiste tellement que la femme, perdant patience, lui dit. — Eh bien, prends la marmite et va-t-en ! Il prend la marmite et s'en va. (à suivre...)