Scène n Le théâtre El-Belliri de Constantine a présenté, hier, sur les planches du Théâtre national, la générale de la pièce Sidi Erradjala. Adaptée de Don Quichotte, un texte de l'espagnol Miguel Cervantès, et mise en scène par Khaled Belhadj, la pièce raconte l'histoire d'un homme peu ordinaire, curieux et à la destinée insolite ; poussé par l'amour excessif qu'il porte pour l'humanité – et notamment pour les pauvres et les faibles –, il s'en va à l'aventure, allant de village en village, errant parmi les hommes et dans l'inconnu. Il quitte sa famille – et son passé – en quête d'une nouvelle existence, croyant ainsi s'investir d'une mission salvatrice, celle de délivrer l'humanité des affres de l'injustice et l'affranchir de la servitude de tous genres. C'est dans cette vision que se construit la personnalité complexe et composée du personnage et que se trace son itinéraire. Le personnage évolue dans l'espace et le temps, traversant divers moments déterminants, marquant et définissant alors son rôle et son jeu scénique. La pièce, sur le plan thématique, est intéressante parce qu'elle se présente comme un clin d'œil à notre réalité : elle aborde des sujets sensibles, tels les harragas. Elle aborde et développe effectivement des sujets puisés dans la société, elle l'interpelle, la saisit et l'interroge. La pièce se veut sociale avec, et ce en filigrane, une lecture politique des comportements sociaux et du drame que l'homme subit au quotidien. C'est une pièce qui se joue et se lit au niveau psychologique. Rien n'est dans l'apparent ou le palpable. Tout est invisible et se perçoit de l'intérieur. La psychologie est à l'image du personnage principal : Si El-Maâlmi. Le comédien qui incarne le personnage, joue la psychologie de son personnage d'une manière perceptible par ce rapport que ce dernier entretien avec son entourage et son vécu. Par ailleurs, la pièce, au niveau de la mise en scène, s'est déroulée correctement, même si le jeu était, par moments, décousu et traînait en longueur. Il a été marqué par des instants de lenteur, de vacuité et d'immobilisme. Cela reste néanmoins un jeu pertinent notamment celui de El-Maâlmi et de son second, voire son compagnon de route et de voyage Etranou. Ces deux derniers se sont particulièrement distingués dans un jeu authentique, notamment dans l'interprétation, voire le dialogue : la pièce a été jouée en arabe dialectal, ce qui la rendait telle une fable.