Spirale n Depuis quelques années, l'université algérienne a rompu avec la sérénité. Il n'y a pas eu une année universitaire qui n'a pas été secouée par des mouvements de protestation. Dans ce secteur, tous les acteurs protestent et chaque partie a ses revendications. Les étudiants veulent une formation de qualité et réclament les moyens nécessaires leur permettant d'accomplir leur cursus et réaliser des recherches scientifiques conformément aux standards internationaux en la matière. Pour leur part, les enseignants brandissent des revendications socioprofessionnelles, notamment le droit à des salaires dignes de leur statut et à des logements décents. Des revendications légitimes car on ne peut attendre d'un enseignant vivant dans le dénuement et la précarité, qu'il mène bien sa mission. Les mouvements de protestation ont enflé depuis l'entame du projet des réformes dans le secteur. L'introduction du système Licence-Mastère-Doctorat (LMD) en 2003 a, rappelons-le, soulevé le courroux des étudiants qui ont organisé de larges mouvements de grève dans l'ensemble des universités et centres universitaires du pays. Les enseignants se sont, eux aussi, joints à cette protesta, estimant que ce nouveau système n'était pas adapté à la réalité de l'université algérienne et à celle du tissu industriel national. Le LMD est basé sur une formation pratique au sein des entreprises parallèlement aux études théoriques. Le résultat est là : des diplômés issus de ce système qui n'ont aucune connaissance pratique. Les réformes ne sont pas du goût des enseignants qui interpellent, à chaque occasion, la tutelle l'accusant de «mettre la charrue avant les bœufs». Le début de l'exercice 2009-2010 a connu d'importantes perturbations au sein de différentes universités. Des étudiants mécontents du système d'évaluation pédagogique et dénonçant, de ce fait, les pratiques frauduleuses de certaines administrations, ont paralysé leurs établissements durant plusieurs jours. De leur côté, les enseignants reviennent à la charge avec la décision du Cnes (conseil national des enseignants du supérieur) de procéder à un «débrayage de 15 jours renouvelable» à partir du dimanche 15 novembre. Les 32 universités où ce syndicat est structuré verront alors les activités pédagogiques gelées pendant une longue période, si les responsables du secteur ne répondent pas favorablement aux doléances des enseignants. Les syndicalistes incombent la responsabilité de ce blocage au gouvernement, notamment la récente décision du premier ministre, Ahmed Ouyahia, relative à la non-rétroactivité du nouveau régime indemnitaire. Un régime dont les enseignants réclament l'application depuis janvier 2007. Cette fois-ci, le syndicat n'écarte pas l'éventualité d'aller vers une grève illimitée jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Une chose est certaine : entre l'entêtement du gouvernement et la détermination des enseignants, seule l'université algérienne est perdante…