Dans sa forme la plus courante et, sans doute la plus archaïque, parce qu'elle rappelle l'incubation des Anciens, la timsensit ou la biyata, se rend, seule, la nuit, au cimetière et va directement sur la tombe du mort, à côté de laquelle elle s'accroupit, repliée sur elle-même, pensant au défunt et répétant les questions qu'elle lui a préparées. Terrassée par l'effort, sans doute aussi impressionnée de passer la nuit dans un cimetière, elle finit par s'endormir. Le mort alors ne manque pas d'apparaître dans le rêve, comme autrefois Esculape, dans les temples païens. Mais faisons quand même remarquer que le rite est largement islamisé, puisque l'opératrice invoque toujours le nom de Dieu et celui du Prophète Mohammed. Les questions que l'on pose généralement au défunt sont du genre : «Reposes-tu en paix ?», «Est-ce qu'il y a quelque chose que tu veux dire à ta famille et que la mort ne t'a pas donné le temps de dire ?» «As-tu laissé des dettes et auprès de qui ?» «As-tu prêté de l'argent à quelqu'un ?», etc. Le défunt peut formuler aussi des remarques ou faire de reproches à ses proches. «Dis à ma mère (ou à ma femme) de cesser de me pleurer, ses larmes inondent ma tombe et me brûlent !» ou alors : «pourquoi ne me rend-on pas visite le vendredi ou les jours de fête ? Je me sens si seul dans ma tombe !»