"Enjeux" La réouverture de nos frontières avec le royaume alaouite est étudiée très sérieusement en haut lieu. Les enjeux sont de taille. Ils sont éminemment économiques, sociaux, culturels, stratégiques et même électoralistes. Depuis l?accession de l?Algérie à l?indépendance, les relations avec son voisin marocain ont toujours été plus au moins tendues. Désaccord sur le tracé frontalier, appartenance à deux blocs politiques opposés, contentieux liés aux intérêts des communautés des deux pays respectifs, crise induite par l?affaire Polisario et accusations mutuelles d?instrumentalisation des phénomènes sécuritaires. Les frontières terrestres entre les deux pays seront fermées dix-huit ans durant. Lorsqu?elles furent ouvertes sous le règne de Chadli 13 ans après la crise de 1975 et malgré l?extraordinaire prospérité induite par le «tourisme algérien», les autorités marocaines n?ont cessé de se montrer agacées par la «détestable» propension «quatre-vingt-huitarde» de ce qu?elles considéraient comme un «démocratisme débridé». Les émissions, les causeries et les débats politiques, en ces temps de printemps démocratique, diffusés par la télévision algérienne et captés dans le Maroc oriental, ainsi que les propos outranciers, voire séditieux de ces touristes aussi prodigues que prolixes, commençaient à avoir un effet de contagion sur la société marocaine. Le «laboratoire algérien» commençait par montrer des signes de débordement régional. Les autorités marocaines sautèrent à pieds joints sur l?occasion de l?attentat de Marrakech pour imposer des restrictions à l?entrée des Algériens. Le visa fut instauré. La réaction algérienne ne se fit pas attendre. Les frontières terrestres furent fermées. En fait, les Algériens aussi, sous l?effet de la réciprocité, avaient saisi l?occasion de mettre fin à ce qui s?était révélé, au bout de quelques années, comme une considérable hémorragie de devises fortes vers ce pays voisin. Il ne fallut pas aux Marocains plus de deux semaines pour mesurer l?ampleur des dégâts.