Déception n La treizième tripartite tenue, les 2 et 3 décembre, n'a pas répondu aux attentes des centaines de milliers des travailleurs qui espéraient une augmentation conséquente du salaire leur permettant une vie décente. Le gouvernement a décidé de porter le Salaire national minimum garanti (Snmg) à seulement 15 000 DA, loin des revendications des différents syndicats qui demandaient des salaires entre 25 000 et 35 000 DA. Même l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), le syndicat officiel, était allée jusqu'à revendiquer un Snmg à 25 000 DA, avant de revoir sa revendication à la baisse à la veille de la tripartite en indiquant qu'un «salaire de 18 000 Da serait équitable au vu de la situation économique du pays». Quant aux syndicats autonomes, exclus de ces «négociations», ils ont affiché leur scepticisme avant même la réunion. Une position qui s'explique par l'entêtement du gouvernement face aux multiples et fréquentes actions de débrayage. Comme il fallait s'y attendre, la réunion longtemps attendue n'a abouti qu'à une hausse de 3 000 DA du salaire minimum Snmg fixé à 12 000 Da lors de la tripartite tenue en septembre 2006 et qui est entré en vigueur en janvier 2007. Face à l'érosion que subit, sans cesse, le pouvoir d'achat des travailleurs, une augmentation de 3 000 Da ne peut apporter aucun changement significatif. Les effets dévastateurs de l'inflation, qui avoisine actuellement 5,5%, conjugués à la dépréciation de la monnaie nationale et la hausse croissante des prix des différents produits de consommation et de services rendent cette augmentation plutôt symbolique. Il faut aussi préciser qu'elle profitera à une minorité de fonctionnaires, sachant qu'une grande partie touche un peu plus de 15 000 DA. «Le gouvernement a toujours su dribbler les partenaires sociaux en imposant des précisions intelligentes quant aux fonctionnaires qui vont bénéficier de l'augmentation. Il est injuste que des travailleurs payés auparavant moins de 12 000 Da en perçoivent 15 000 à partir de janvier et que ceux qui touchent un peu plus que le nouveau Snmg n'auront rien», déplore Saïd, fonctionnaire dans une administration publique et dont le salaire net est de 15 700 Da. Cette catégorie de travailleurs devront patienter encore jusqu'à la finalisation des statuts particuliers afin de voir leur situation socioéconomique s'améliorer. «Il me semble que le gouvernement attend de voir une baguette de pain à 50 Da pour adopter ces statuts. Sinon, comment expliquer tout ce retard ?», s'interroge encore notre interlocuteur. Il est certain que l'augmentation des salaires au compte-gouttes n'arrange nullement les fonctionnaires…