Elle entame aujourd'hui son 27e jour de grève de la faim, réclamant son droit de retourner chez elle. Mais Rabat refuse d'écouter l'appel de la conscience internationale, malgré le danger de mort qu'encourt celle que l'on surnomme «la Gandhi du Sahara occidental». «Si je meurs, ce sera au gouvernement espagnol d'en assumer les conséquences», a déclaré Aminatou Haïdar, qui poursuit, sans vaciller, son acte de protestation, même si elle apparaît chaque jour plus chétive sous son vêtement traditionnel sahraoui et le voile qui lui entoure le visage. Cette femme de 42 ans en est à son 27e jour d'un jeûne en forme de bras de fer avec Madrid et Rabat pour exiger de rentrer chez elle à Laâyoune, où vivent sa mère et ses deux enfants. Au fil des jours, elle a réussi à donner un coup de projecteur mondial à sa cause de toujours pour la reconnaissance du «droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination». Née en 1966 à Akka, localité du sud du Maroc, elle entre rapidement en militance après son baccalauréat obtenu au lycée Hassan-II de Laâyoune. Elle est arrêtée une première fois en 1987 pour trouble à l'ordre public. D'abord enfermée dans une caserne et torturée, elle est condamnée à 4 ans de prison, puis amnistiée en 1990. En 2005, elle est à nouveau arrêtée lors de manifestations à Laâyoune puis condamnée à 7 mois de prison ferme. Elle sera libérée en janvier 2006 après une première grève de la faim, quelques jours après avoir reçu le prix Sakharov des droits de l'Homme décerné par le Parlement européen. Le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, a appelé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon à «intervenir d'urgence pour sauver la vie» de la militante sahraouie. «Mme Haïdar attend votre intervention urgente pour mettre un terme à l'injustice qu'elle subit», écrit M. Abdelaziz dans une lettre adressée à Ban Ki-moon. Il l'appelle «à intervenir d'urgence pour prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver la vie de cette âme innocente». Selon M. Abdelaziz, «l'état de santé de Mme Haïdar s'est détérioré et sa vie est en danger». «L'attitude du Maroc à l'égard d'une citoyenne résidant dans un territoire relevant de l'ONU est un grave antécédent», précise-t-il. «Le Maroc refuse d'écouter l'appel de la conscience internationale et tente vainement de justifier un crime abject à l'encontre d'une dame connue pour son militantisme pacifique et civilisé», ajoute M. Abdelaziz. De son côté, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a fait part à son homologue marocain de son «inquiétude» pour le sort de la militante sahraouie. Mme Clinton a évoqué dans un entretien téléphonique son inquiétude pour la santé de Mme Haïdar et son souhait que l'on essaie de résoudre cette situation dès que possible. Par ailleurs, environ 500 manifestants ont défilé, hier soir, à Madrid, pour réclamer le retour au Sahara occidental de Mme Haïdar. Les manifestants portant des bougies et des banderoles sur lesquelles était inscrit : «Maroc coupable, Espagne responsable», se sont dirigés vers le siège du ministère des Affaires étrangères à Madrid.