Résumé de la 2e partie Le «Tarfaya» s?est échoué. Depuis, le capitaine s?est mis à boire davantage. Quand Marcel Bianchi arrive, ce matin-là de décembre, au volant de sa jeep, c?est pour une première reconnaissance. Et voilà que le capitaine du «Tarfaya», toujours à bord, lui refuse l?accès du bateau ! Et le menace avec un pistolet gros comme un petit canon ! «Vous voyez ça ? crie le capitaine Contos. C?est un pistolet à fusée ! Il y en a une dedans ! Au phosphore ! Si vous essayez de monter à bord, je fais exploser votre jeep !» Marcel Bianchi est un costaud? Il a le sang chaud, au moins autant que le capitaine Contos. Un instant, il songe à grimper sur l?échelle de coupée et à flanquer une correction à ce dingue ! Mais une fusée au phosphore, même tirée par un pistolet qui a l?air de dater de 14-18, ça peut flanquer le feu à la jeep, dont le moteur est chaud ! Mieux vaut discuter. «Vous êtes fou, mon vieux ! Vous n?êtes plus capitaine de ce bateau ! Il va être vendu aux enchères ! Qu?est-ce que vous espérez ? ? La marée d?équinoxe ! Ils auraient dû attendre la prochaine marée d?équinoxe ! ? Mais la marée d?équinoxe, il y en a pour jusqu?au 21 mars ! Et même les types venus de Cherbourg ont dit qu?il n?y avait plus assez de chance ! Maintenant c?est trop tard ! Vous n?avez plus d?armateur ! L?assurance va vendre aux enchères et vous n?avez plus de raison de rester là ! Plus personne ne vous paie ! ? Désolé ! Mais tant que je reste à bord, ça n?est pas une épave ! C?est toujours un bateau ! Je dis qu?on peut encore le sortir ! Et tant qu?on peut le sortir, on n?a pas le droit de le vendre à la ferraille ! ? Mais pratiquement, il est vendu ! C?est trop tard ! ? C?est illégal ! Je ferai un procès ! Et je prouverai qu?on n?avait pas le droit de vendre tant que j?étais à bord ! Parce que le 21 mars, il suffira d?un seul remorqueur pour le sortir de là ! Vous ne voyez pas que la plage est en pente et qu?il suffira de lui faire pivoter le nez vers la mer pendant la grande marée ? ? Ecoutez ! Tout ce que je vois, c?est que les experts y ont renoncé, et qu?il est vendu aux enchères la semaine prochaine. Et que c?est moi qui vais l?acheter ! Et que d?ici à votre marée d?équinoxe, il ne restera plus un boulon sur cette plage ! Et maintenant, je vais monter à bord ! Et si vous tirez cette fusée, moi, je vous démolis avant le bateau ! ? Je compte jusqu?à trois et je tire !» Marcel Bianchi, furieux, bondit vers l?échelle de coupée. Depuis le bastingage, Contos tire la fusée ! Elle fait un puissant chuintement, va frapper le capot de la jeep et rebondit plus loin dans le sable, où elle continue à brûler en tournoyant. Marcel Bianchi grimpe l?échelle de coupée, en- jambe le bastingage. Le capitaine Contos le frappe avec son gros pistolet, mais ne le touche qu?à l?épaule. Le ferrailleur est un costaud râblé. Il attrape le capitaine des deux mains par le col de sa veste, et lui allonge un terrible «coup de boule», c?est-à-dire qu?il le frappe du front baissé, en pleine visage. Le nez de son adversaire éclate, il part à la renverse, sa tête va frapper la cloison métallique de la dunette et il s?effondre. Brusquement affolé, Marcel Bianchi essaie de le ranimer. Il redescend l?échelle, arrache sa chemise, la trempe dans l?écume d?un rouleau, remonte, et tamponne le visage de Contos. Le sel sur la blessure et le froid font sursauter le capitaine. Il n?a que le nez qui saigne. ça va. En bas, sur le sable, la fusée s?est enfin éteinte. Une fois passée la peur d?avoir tué, Marcel Bianchi sent la colère lui revenir. (à suivre...)