Résumé de la 61e partie n Pour la deuxième nuit, l'ogre a encore mangé un autre compagnon de l'oncle d'Ahmed. Celui-ci est terrorisé. L'oncle poursuit son récit. «Au matin, je racontais à mes compagnons ce qui s'était passé. Cette fois-ci, ils ont pris peur. Notre infortuné compagnon, celui qui manquait à l'appel, n'avait pu s'enfuir sans nous prévenir. L'ogre s'est réveillé. Comme la veille, il a fait sortir ses moutons, avant de sortir. Et il nous a de nouveau enfermés pour la journée ! — Nous sommes perdus, se sont écriés mes compagnons. Ils se sont mis à gémir et à pleurer, je leur ai dit : — Plutôt que de nous lamenter, essayons de sortir d'ici ! Ensemble, nous avons tenté de déplacer la pierre qui obstruait l'entrée de la grotte. Nous n'avons même pas réussi à la faire bouger ! Mes compagnons ont enfin compris où étaient passés deux des nôtres mais hélas, ils ne pouvaient rien faire. Quand l'ogre, la troisième nuit, a égorgé une autre bête et nous l'a offerte, plus personne n'avait envie de manger. Chacun se demandait qui serait la prochaine victime. Comme les deux autres fois, l'ogre s'est levé et a empalé l'un de nous. Nous avons tous assisté à la scène horrible, sans broncher. Chacun, ce soir-là, s'est réjoui de ne pas avoir été choisi, mais chacun savait aussi que son tour allait arriver. Et le tour de chacun est effectivement arrivé. Le septième jour de notre arrivée dans la grotte funeste, je me suis retrouvé seul avec le monstre. Toute la journée, pendant qu'il faisait paître ses moutons, j'ai réfléchi à la situation et j'ai découvert que l'ogre ne s'attaque à sa victime que lorsqu'il est persuadé qu'elle dort. Il ne fallait donc pas que je m'endorme, il fallait que je trouve un moyen de rester éveillé. Le soir, quand il est revenu et qu'il a obstrué la grotte. J'ai mangé ce qu'il m'a donné, pour avoir des forces, et avant qu'il me dise d'aller dormir, je lui ai dit : «Cette nuit, nous allons veiller, nous allons faire la conversation ! Chacun racontera à l'autre une histoire». La proposition l'a un peu surpris mais il l'a acceptée, en posant une condition. — Si tu t'endors au cours de l'histoire que je raconterai, je ferai de toi ce que je voudrai, si c'est toi, tu feras de moi ce que tu voudras ! J'ai accepté la proposition et il m'a demandé de commencer le premier. J'ai choisi une histoire très longue. Je parlais et je le voyais fermer progressivement les yeux. Avant que je n'aie terminé, il ronflait. Je me saisi d'un tison incandescent et je lui ai crevé un œil. Il s'est réveillé en hurlant et a essayé de m'attraper, mais je lui ai échappé. Au matin, épuisé, il s'est endormi. J'ai alors égorgé un mouton et je lui ai enlevé sa toison. Pendant deux jours, il m'a poursuivi à l'aveuglette. Le troisième jour, voyant que ses moutons souffraient de faim, il a ouvert la grotte. Mais pour que je ne m'enfuie pas, il s'est mis à tâter chacun d'eux. C'est alors que j'ai pris la toison, je l'ai revêtue, je me suis mis à quatre pattes et je suis passé. Une fois dehors, j'ai pris la toison et je l'ai jetée à la face de l'ogre, en lui disant : ‘'Voilà ton mouton !'' Il a crié de fureur et je me suis enfui, sans demander mon reste. Voilà toute mon histoire» Ahmed s'est écrié : «Tu as raison de dire que tu étais en terre étrangère ! C'est là un récit que je me rappellerai toujours !