Résumé de la 5e partie n Miss Bulstrode avait ses lois, tout le monde n'était pas accepté dans son collège, il y avait des critères à respecter… On aurait, autrefois, qualifié certaines d'entre elles de «jeunes filles accomplies», tandis que d'autres n'étaient guère encore que des enfants. Les parents de plusieurs se trouvaient à l'étranger, et miss Bulstrode avait mis au point, à leur intention, un programme de vacances très intéressant. Pour le choix de ses élèves, miss Bulstrode décidait seule et sans recours. Debout près de la cheminée, elle écoutait la voix légèrement geignarde de Mrs Gerald Hope à laquelle, avec une grande prescience, elle n'avait pas proposé de s'asseoir. — Voyez-vous, disait Mrs Hope, Henrietta est très nerveuse. Vraiment très nerveuse. Notre médecin dit que... Miss Bulstrode hochait la tête, rassurante, retenant la réplique caustique qu'elle aurait eu quelquefois la tentation d'assener : «Vous ne savez donc pas, espèce de triple buse, que c'est ce que toutes les gourdes disent de leur enfant ?» Elle s'exprima sur un ton de ferme sympathie : — N'ayez aucune inquiétude, Mrs Hope. Miss Rowan, qui fait partie de nos enseignantes, est une psychologue hautement qualifiée. Vous serez, j'en suis convaincue, étonnée du changement que vous constaterez chez Henrietta (qui est une fille charmante et intelligente, et beaucoup trop bien pour vous», se retint-elle de préciser) après un trimestre ou deux ici. — Oh ! je sais. Vous avez fait des merveilles avec la petite Lambeth... Des merveilles, absolument ! C'est pourquoi je n'ai pas de soucis. Et je... Oh ! j'allais oublier. Nous partons pour le sud de la France dans six semaines. J'ai pensé que j'emmènerais Henrietta. Cela lui donnerait un petit répit. — Je crains bien que ce ne soit impossible, répondit vivement miss Bulstrode avec un sourire aimable, comme si elle accédait à une requête au lieu de la refuser. — Oh ! mais... Un peu d'humeur se peignait sur les traits mous de Mrs Hope. — Vraiment, je dois insister, reprit-elle. Après tout, c'est ma fille. — Certainement. Mais c'est mon collège. — Je puis tout de même retirer ma fille d'une école quand je le veux, non ? Certes, concéda miss Bulstrode. Vous le pourriez. Mais en ce cas, je ne la reprendrais pas. Maintenant, Mrs Hope s'énervait tout à fait : — Compte tenu de l'importance des frais de scolarité que je vous verse… — C'est cela même. Vous avez voulu envoyer votre fille dans mon collège, n'est-ce pas ? Mais il faut le prendre tel qu'il est, ou y renoncer. C'est comme ce ravissant modèle de Balenciaga que vous portez. C'est bien un Balenciaga, non ? II est si agréable de rencontrer une femme qui a un vrai sens de l'élégance. (à suivre...)