Résumé de la 51e partie n Pleine de tact, Eleanor répond à Miss Bulstrode qu'elle ne changerait rien à la bonne marche de l'établissement… Comme de coutume, des cheveux s'échappaient de son chignon à la diable. Une fois encore, Miss Bulstrode nota ses traits, laids mais intéressants, et jugea qu'il s'agissait d'une étrange jeune femme, vivante, à la personnalité qui s'imposait. — Vous avez un cours ? — Oui. Un cours d'anglais. — Vous aimez l'enseignement, n'est-ce pas ? s'enquit Miss Bulstrode. — J'adore cela. Il n'est rien au monde de plus fascinant. — Pourquoi ? Eileen Rich s'arrêta net. Elle passa une main dans sa chevelure. Sous son effort de réflexion, elle plissait le front : — Comme c'est intéressant. Je ne sais pas si j'y ai jamais réellement pensé. Pourquoi aime-t-on enseigner ? Est-ce parce que cela vous donne un sentiment d'importance ? Non, non... ce ne peut être aussi bas que cela. Non, c'est plus comme d'aller à la pêche, je crois. Vous ne savez pas d'avance ce que vous allez prendre, ce que vous retirerez de la mer. Ce qui compte, c'est la qualité de la réaction des élèves. C'est si exaltant de l'obtenir. On ne l'obtient pas souvent, naturellement. Miss Bulstrode approuvait de la tête : elle avait eu raison ! Cette fille avait quelque chose ! — Je crois qu'un jour vous dirigerez votre propre école, dit-elle. — Oh ! je l'espère, confirma Eileen Rich. Je l'espère de tout mon cœur. C'est ce qui me plairait par-dessus tout. — Vous avez déjà des idées, n'est-ce pas, sur la manière de diriger un établissement scolaire ? — Tout le monde a ses idées, je présume. Je reconnais que la plupart d'entre elles procèdent d'une pure fantasmagorie et tourneraient très mal. C'est là un risque, bien entendu. Mais il faudrait les expérimenter. Je devrais apprendre à partir de l'expérience... Ce qu'il y a de terrible, c'est que l'on ne peut réellement profiter de l'expérience des autres, non ? — Pas vraiment, non, convint Miss Bulstrode. Dans la vie, chacun doit commettre ses propres erreurs. — Dans l'existence, cela ne pose pas de problèmes. Dans la vie, on peut se reprendre et entamer un nouveau départ. Elle crispa les poings. Son expression se durcit. Puis elle se détendit soudain et retrouva sa bonne humeur : — Mais si une école part en morceaux, on ne peut guère les ramasser et recommencer, n'est-ce pas ? — Si vous, vous dirigiez un collège comme Meadowbank, quels changements apporteriez-vous – quelles expériences tenteriez-vous ? interrogea Miss Bulstrode. Eileen Rich parut embarrassée : — C'est... c'est affreusement difficile à dire. — Cela signifie que vous changeriez des choses. Ne craignez pas de vous exprimer avec franchise, mon enfant. (à suivre...)