Création n Instants de théâtre est une production du Théâtre régional de Guelma qui sera présentée, les 25, 26 et 27 février, au Théâtre national algérien (TNA). Adaptée du texte de l'Haïtien Jacques Roumain Le gouverneur de la rosée et mise en scène par Ben Hocine Haïdar, la pièce se présente comme des instants, voire des fragments puisés sur le moment dans le texte. «La pièce n'est pas une adaptation intégrale du texte original», a déclaré, hier, le metteur en scène, lors d'un point de presse au TNA. Et d'ajouter : «Le directeur du Théâtre régional de Guelma, Mohamed-Laïd Kabouche, m'a proposé de lire le texte dans le cadre d'un atelier de travail, et lorsque je l'ai lu, il m'a plu tant le contenu était fort, symbolique pourvu de caractère et de personnalité, mais je ne voulais, à aucun moment, le reprendre tel quel et l'adapter intégralement à la scène.» Haïdar Ben Hocine a, en outre, estimé «la nécessité d'apporter quelque chose de nouveau au texte», c'est-à-dire lui redonner un autre contenu et une portée nouvelle, et ce, «sans pour autant dénaturer le texte initial et altérer, en conséquence, son sens premier», dira le metteur en scène. Haïdar Ben Hocine a expliqué que son travail a consisté, lors de la réécriture du texte, à en prendre de brefs instants, des images et des émotions instantanées, à savoir tenir compte des moments forts qui marquent et régissent le texte. Interrogé sur la raison qui l'a motivé à procéder à pareille adaptation, Haïdar Ben Hocine répondra : «Je ne voulais pas mettre en scène le texte original pour ne pas tomber dans une mise en espace homogène et carrée.» Et de poursuivre : «En fait, le texte change d'une lecture à l'autre, d'une interprétation à l'autre, d'une adaptation à l'autre et d'un jeu à l'autre, il change au fil du jeu.» Cela revient d'emblée à dire que le metteur en scène réorganise le texte, lui donne une nouvelle architecture. «Je n'apporte rien de nouveau, et cela n'est d'ailleurs pas mon but», expliquera Haïdar Ben Hocine qui souligne : «Ce qui m'intéresse, c'est de réfléchir sur le texte et donc réfléchir sur de nouvelles expériences.» «Le texte, a-t-il ajouté, constitue un prétexte pour faire des recherches» et de confier : «Je n'ai pas pris le texte en tant qu'histoire, mais en tant qu'objet de recherche et de réflexion.» D'où alors la question : «Qui fait le théâtre, le texte ou le comédien ?» Ainsi, Haïdar Ben Hocine, pour qui un metteur en scène doit recréer le texte et non pas le reproduire, s'applique à créer une approche nouvelle du texte. «Mon but, a-t-il dit, est de créer des sensibilités, provoquer l'imaginaire, créer des tensions, susciter des questionnements, dépister des tempéraments, mettre au jour des personnalités…» Et c'est ainsi qu'au fil de la lecture du texte et du travail de sa mise en espace Haïdar Ben Hocine s'est trouvé, malgré lui, à composer un personnage nouveau, un septième, qu'est le caractère et la psychologie du texte. Le tempérament et le mental du texte sont imaginés en un seul sujet, que, d'ailleurs, le metteur en scène a personnifié, en lui conférant une dynamique.