Le tsunami, qui a quasiment rayé de la carte plusieurs villages de la côte chilienne il y a une semaine, a emporté les bateaux, les filets et les moteurs et traumatisé les pêcheurs qui ont désormais «peur de la mer». Des planches, des appareils électroménagers hors d'usage, quelques vêtements délavés : c'est tout ce qui reste sur la plage d'Iloca, à 300 km au sud-ouest de la capitale Santiago. Ce village du littoral Pacifique, dont le front de mer était autrefois couvert de cabanes en bois, est l'un des plus anéantis par les trois vagues gigantesques qui ont suivi le séisme de magnitude 8,8 le 27 février, l'un des plus puissants jamais enregistrés. Le visage brûlé par le soleil, un père de quatre enfants, âgé de 53 ans, jette un regard vide vers l'océan. «Mon bateau, mes filets et mon moteur ont disparu. Je n'ai pas d'argent pour en racheter. L'argent que je cachais sous le matelas a été emporté par les flots», dit-il. Personne n'est mort sur cette partie de la côte mais la mer a englouti l'un des trois principaux centres de pêche du Chili, une industrie essentielle du pays. Cette semaine, des secouristes ont sauvé des lions et des singes de cette compagnie venue divertir les touristes profitant de l'été austral dans les hôtels et bungalows du bord de mer, souvent construits par les pêcheurs pour arrondir leurs fins de mois. Mais au milieu de la nuit, d'immenses vagues ont avalé des centaines de maisons avant d'en recracher les restes des dizaines de mètres plus loin. Et les pêcheurs ont aujourd'hui peur de la mer.