Les besoins alimentaires de l'Algérie se sont multipliés par 7,5 depuis 1962, alors que la production alimentaire nationale a été multipliée par 4,5 seulement, d'où une lourde facture d'importations qu'il devient impérieux d'alléger. Le seul moyen d'y arriver est, évidemment, d'encourager la production, ce qui, pour l'heure, n'a pas dépassé le stade de vœu pieux. Le plan national d'appui aux industries agroalimentaires tendant à rendre les entreprises plus compétitives, apportera-t-il du nouveau ? Il s'agit d'améliorer le positionnement de cette filière sur le plan interne en favorisant une meilleure utilisation de ressources nationales, ignorées faute de coordination entre les opérateurs. Mais aussi d'accompagner ce secteur, fort de ses 17 000 PME, sur le plan international. Ces PME «possèdent un potentiel de savoir-faire managérial et technologique appréciable qu'il faut exploiter de manière rationnelle si on veut améliorer nos exportations hors hydrocarbures», a précisé le directeur général de l'intelligence économique des études et de la prospective au ministère de l'Industrie et de l'Investissement. Ce dispositif permettra à l'Etat et aux opérateurs de jouer leur rôle et aux entreprises industrielles de prendre leurs responsabilités et de s'inscrire dans une démarche nationale. «Il faut en finir avec des entreprises qui agissent seules sans pouvoir exploiter le potentiel de réseaux qui existent entre elles», affirme Mohamed Bacha invité ce lundi matin sur les ondes de la chaîne III. L'Etat devrait, à travers ce plan, se mettre en situation d'écoute, de prise en charge et d'accompagnement des entreprises à travers leurs associations. On parle aussi de la création d'un conseil national des industries agroalimentaires. Celui-ci est appelé à regrouper les ministères, les centres de formation et de recherche, les associations professionnelles, les chambres de commerce, les banques et tout ce qui concourt à faire parvenir le produit au consommateur. Ce conseil est un lieu de concertation, d'écoute, d'interface avec les pouvoirs publics et un lieu d'évaluation régulière des résultats obtenus. C'est également un espace de propositions concrètes au gouvernement, a affirmé le représentant du ministère de l'Industrie et de l'Investissement. Il propose dans ce sillage un fonds spécifique aux industries agroalimentaires. «C'est un secteur complexe qui est à la croisée de plusieurs secteurs. Un fonds spécifique permettra à l'Etat d'apporter des appuis ciblés pour orienter les entreprises conformément aux objectifs de compétitivité nationale et aussi de sécurité alimentaire», a indiqué Mohamed Bacha. Pour lui, la stabilité sociale et macroéconomique que connaît le pays permet à l'Algérie de tirer profit de cette situation. Elle peut, ainsi, «se placer de manière efficace et conséquente sur le plan international et se défendre sur le plan local», souligne-t-il. Autrement dit : «Le pays s'est ouvert sur l'économie de marché et ne pourra, en aucun cas, résister aux choix du consommateur», d'où l'importance de «la remise à niveau de notre industrie agroalimentaire pour devenir compétitive aussi bien sur le plan national qu'international». Le ministère l'Industrie et de l'Investissement ambitionne, à travers ce dispositif, de «substituer le produit national au produit importé», dit Mohamed Bacha rappelant que «l'industrie est fondamentale pour l'agriculture comme l'agriculture est fondamentale pour l'industrie».