Résumé de la 1re partie n Patricia Traymore, journaliste, est embauchée par le Câble de Potomac pour réaliser une série sur les femmes au gouvernement... Il faisait froid dans la voiture. Pat s'aperçut que le moteur ne tournait plus depuis plusieurs minutes. Un homme avec un attaché-case passa d'un pas pressé, s'arrêta une seconde en la voyant, puis poursuivit son chemin. Je ferais mieux de bouger avant qu'il ne prévienne la police de la présence d'un rôdeur, se dit-elle. La grille en fer forgé de l'allée était ouverte. Pat stationna la voiture sur le chemin dallé qui menait à la porte d'entrée et chercha la clé dans son sac. Elle s'immobilisa sur le seuil, s'efforçant d'analyser ce qu'elle ressentait. Elle s'était attendue à une forte réaction. Au lieu de cela, elle avait seulement envie d'entrer d'aller chercher ses valises dans la voiture, et de se préparer un sandwich et un café. Elle tourna la clé, ouvrit la porte, trouva l'interrupteur. La maison semblait très propre. Les briques lisses du sol dans l'entrée avaient une douce patine ; le lustre brillait. Au second coup d'?il, Pat remarqua la peinture défraîchie et les marques d'usure le long des plinthes. Une grande partie du mobilier serait sans doute à mettre au rebut ou à restaurer. On livrerait demain les meubles en bon état qui, jusqu'alors, étaient restés entreposés dans le grenier de la maison de Concord. Elle traversa lentement le rez-de-chaussée. La salle à manger classique, spacieuse et agréable, se trouvait sur la gauche. A l'âge de seize ans, au cours d'une excursion organisée par son école à Washington, Pat était passée devant cette maison, mais elle ne s'était pas rendu compte que les pièces étaient si grandes. Du dehors, la maison semblait de petite dimension. La table était éraflée, la desserte marquée de taches comme si l'on avait posé directement les plats chauds sur le bois. Mais Pat savait que l'élégant ensemble en chêne délicatement travaillé faisait partie des meubles de famille et méritait d'être remis en état. Elle jeta un coup d'?il dans la cuisine et dans la bibliothèque, mais ne s'arrêta pas. Toute la presse avait décrit le plan de la maison dans le moindre détail. Le salon était la dernière pièce sur la droite. Elle sentit sa gorge se serrer à mesure qu'elle s'en approchait : était-elle folle d'agir ainsi ? retourner ici, chercher à retrouver un souvenir qu'il valait mieux oublier ? La porte du salon était fermée. Elle posa la main sur la poignée et la tourna en hésitant. La porte s'ouvrit brusquement. Pat chercha l'interrupteur à tâtons. La pièce était grande et belle, avec un haut plafond, un élégant manteau surmontant la cheminée de brique blanche, une banquette encastrée dans l'embrasure de la fenêtre. Elle était vide à l'exception d'un piano de concert, masse d'acajou sombre dans l'alcôve à droite de la cheminée. La cheminée. Pat s'en approcha. Ses bras et ses jambes se mirent à trembler. Des gouttes de transpiration perlèrent sur son front, humectèrent ses paumes. Elle avait la gorge nouée. La pièce bougeait autour d'elle. Elle se précipita vers la porte-fenêtre, au bout du mur à gauche, chercha maladroitement la poignée, ouvrit d'un coup les deux battants et s'avança en chancelant dans la cour recouverte de neige. (à suivre...)