Résumé de la 49e partie n Miss Bulstrode demande à Eleanor quels changements elle apporterait si elle devait diriger l'établissement à sa place… Je ne crois pas que je souhaiterais apporter le moindre changement, répondit Eleanor Vansittart. II me semble que l'esprit de ce collège et son organisation d'ensemble sont proches de la perfection. — Vous entendez par là que vous poursuivriez dans la même ligne ? — Oui, certes. Je ne pense pas que l'on puisse mieux faire. Miss Bulstrode marqua un instant de silence. «Je me demande, pensait-elle, si elle dit cela pour me complaire. Avec les gens, on ne sait jamais - aussi proche d'eux que l'on ait pu être depuis des années. Ce n'est certainement pas cela qu'elle pense en réalité. Quiconque possède une once d'instinct créatif brûle d'envie d'apporter des changements. Il est vrai, cependant, que le dire ouvertement pourrait passer pour du manque de tact... Et le tact, c'est très important. Important pour les parents, important pour les filles, important pour le personnel. Eleanor est certainement pleine de tact. — II doit tout de même y avoir en permanence des ajustements, n'est-il pas vrai ? reprit-elle à haute voix. Pour tenir compte de l'évolution des idées, j'entends, et des conditions de vie en général. — Oh ! cela, oui, admit miss Vansittart. Il faut, comme l'on dit, vivre avec son temps. Mais c'est votre collège, Honoria. Vous en avez fait ce qu'il est, et la tradition que vous avez créée constitue son essence même. Je pense que la tradition est très importante, pas vous ? Miss Bulstrode ne répondit pas. Elle hésitait à prononcer des mots irrévocables. L'offre d'une association était dans l'air. Miss Vansittart, quoiqu'elle ne parût pas consciente des bonnes dispositions de sa directrice, devait tout de même le sentir. Miss Bulstrode ne savait pas vraiment ce qui la retenait. Pour-quoi détestait-elle tellement l'idée de s'engager ? Probablement, s'avoua-t-elle sans ambages, parce qu'elle haïssait la perspective d'abandonner le pouvoir. Bien entendu, au fond d'elle-même, elle aurait voulu rester, continuer à diriger son collège. Mais, à coup sûr, il n'existait pas de successeur mieux désigné qu'Eleanor Vansittart. Si solide, si digne de confiance. Naturellement, sur ce terrain, on pouvait en dire autant de la chère Chaddy - la solidité faite femme. Et, pourtant, on n'aurait jamais pu imaginer Chaddy en directrice d'un collège d'exception. «Enfin, qu'est-ce que je veux ? se reprocha mentalement miss Bulstrode. Je deviens assommante. Vraiment, jusqu'à présent, l'indécision n'avait pas figuré au nombre de mes défauts.» Une sonnerie retentit dans le lointain. — Mon cours d'allemand, expliqua miss Vansittart. Il faut que je me dépêche. Elle s'élança d'un pas vif, mais digne, vers le bâtiment principal. Miss Bulstrode, la suivant d'une démarche plus mesurée, faillit entrer en collision avec Eileen Rich qui débouchait à vive allure d'un autre sentier. — Oh ! je suis confuse, miss Bulstrode. Je ne vous avais pas vue. (à suivre...)