Un jour, alors qu'il se promène dans la ville, Ibn Mar'a' aperçoit un homme, à l'allure délurée, tenant un plateau dans la main et suivi par une foule d'enfants. L'homme crie, en agitant son plateau : «Qui veut des bonbons ? Qui veut des gâteaux ?» Il jette un regard amusé sur la foule et se remet à crier : «Les bonbons et les gâteaux d'Alhalwi sont délicieux et ils ne coûtent pas cher ! Juste quelques pièces !» Des mains se tendent : «Moi j'en veux ! Moi aussi !» Et l'homme, en riant, donne les gâteaux et les bonbons et empochent les piécettes de monnaie qu'on lui donne ; Ibn Mar'a' remarque que certains enfants ne payent pas leurs bonbons : le marchand doit le savoir mais il ne dit rien. Une fois son plateau vidé, il se met à danser sur un pied, au grand plaisir des enfants qui se mettent à battre des mains et à crier : «Sidi-Lhalwi ! sidi-Lhalwi !» Ibn Mar'a' est étonné qu'on donne le nom de «Sidi», c'est-à-dire «monseigneur» à cet homme qui semble ne pas avoir toute sa raison mais le théologien, qui a appris à se méfier des apparences, se dit qu'il n'est peut-être pas aussi fou qu'il n'y paraît. Il l'observe donc pour découvrir réellement qui il est. L'homme après avoir fait le pitre et amusé les enfants, se retire.