Comme l'homme s'arrête pour se reposer, sur une pierre, Ibn Ma'r'a s'approche de lui et d'une voix humble, lui dit : «Maître, je voudrais te connaître !» L'homme, qui ne s'attendait pas qu'on l'appelle ainsi, sursaute mais il ne dit rien. Ibn Ma'ra' s'assoit à ses côtés. Il le regarde fixement mais le marchand de bonbons ne veut rien dire. Alors, lui non plus ne dit rien. Ils restent ainsi plusieurs heures, plongés dans leurs réflexions. Ibn Ma'ra' est bouleversé : il vient de faire la connaissance du plus grand mystique qu'il ait jamais rencontré ! Ibn Ma'ra' retourne chez sa tante, bouleversé. «Ma tante, lui dit-il, j'ai rencontré, aujourd'hui, un homme extraordinaire ! Un homme d'une piété et d'une bonté infinies… Je n'en ai jamais vu de semblable toute ma vie !» La tante, surprise par le ton ému de son neveu, lui demande : «Qui est donc cet homme, mon fils ?» Il répond, toujours sous le coup de l'émotion : «Un mystique, ma tante !» La tante sourit. «Et toi qui me disais que les personnalités de la ville ne présentaient aucun intérêt !» Le jeune homme secoue la tête : «Il ne s'agit pas de ces hommes. Celui que j'ai vu vend des bonbons et se comporte d'une façon bizarre… —Ah, dit la tante, c'est Choudhi, le marchand de bonbons…