Le sac de ciment, que tout le monde trouvait cher déjà à 500 DA, a atteint aujourd'hui les 800 DA, un prix exorbitant hors de portée de la majorité des citoyens. Ainsi, l'importation d'un million de tonnes par l'Etat n'a pas mis fin à la crise, celle-ci n'étant pas liée finalement à un problème de quantité. Toutes les mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face à cette situation des plus préjudiciables notamment pour les particuliers, se sont avérées vaines. Pourtant, aujourd'hui, ce n'est pas la quantité qui fait défaut, mais l'absence de mécanismes fiables de contrôle de l'activité commerciale, laquelle a laissé le champ libre aux spéculateurs pour imposer leur loi. Si en hiver, ces vendeurs écoulaient ce matériau à 500 DA le sachet, c'était seulement afin d'éviter la dégradation du produit qui ne résiste pas longtemps au froid. Avec l'avènement du printemps et la hausse des températures, ils n'ont rien à craindre et ils refusent de céder le même sac à moins de 800 DA ! Le comble est que les vendeurs de ce matériau n'expliquent pas la cherté du produit par la loi de l'offre et de la demande, mais affirment qu'eux-mêmes l'achètent à des prix élevés. Mais d'où proviennent toutes ces quantités stockées, alors que le ministre du Commerce a toujours affirmé que la production nationale et les quantités importées n'étaient pas en mesure de satisfaire la demande ? A 800 DA le sac, on peut acquérir la quantité désirée sans aucun souci. Les vendeurs rassurent même les clients qu'ils peuvent leur livrer la marchandise à domicile. Mais pour baisser les prix, ils refusent toute discussion. Ils sont, tout simplement en position de force en l'absence de tout contrôle de la part des services concernés. Les entrepreneurs ne sont pas touchés par cette situation, puisqu'ils achètent le ciment à des prix raisonnables (300 DA le sac) et ne trouvent aucune difficulté à l'acquérir. Ces derniers affirment que le problème de disponibilité du produit ne s'est posé qu'en été 2009, mais ils avaient pu faire face à cette situation grâce aux stocks qu'ils avaient constitués avant le début de la crise. En prenant la décision d'importer un million de tonnes en août 2009, une quantité qui est arrivée sur le marché national en décembre de la même année, le gouvernement pensait régler le problème, mais cette option n'a pas eu l'effet escompté. L'Etat se retrouve aujourd'hui incapable de réguler le marché face à des commerçants qui imposent leur diktat au détriment de citoyens impuissants. Les directions de la concurrence et des prix (DCP), dépendant des directions de commerces de wilayas, brillent par leur absence, donnant ainsi la liberté totale à la «mafia» qui porte un lourd préjudice aux projets d'autoconstruction. Pourtant les prix de gros et de détail de ce matériau sont fixés par un décret exécutif. La loi existe, les structures chargées de son application sont là, mais l'exécution des textes réglementaires fait largement défaut. Une situation qui pousse les citoyens à se poser des questions remettant en cause la nécessité de créer des directions qui n'apportent rien…