Apparemment le prix du ciment est devenu incontrôlable. Personne ne semble pouvoir contrôler le marché de la distribution. Les services de contrôle du ministère du Commerce semblent impuissants. Alors qu'à sa sortie d'usine, le sac du ciment est cédé à 460 DA et 600 DA, au niveau des dépôts, son prix sur le marché varie entre 1400 et 1500 DA le quintal. Afin de réguler ce marché en furie, un décret exécutif a été promulgué le 22 juillet 2009 fixant les marges plafond de la vente en gros et au détail applicables au ciment Portland composé et conditionné. Ainsi, il est indiqué dans l'article 2 du texte en question que les marges plafond brutes applicables à la commercialisation au stade du gros et du détail sont fixées respectivement à 80 et 120 DA le quintal. «Les prix du ciment flambent pour de multiples raisons à savoir un manque de production, une grand demande sur le produit et une spéculation notamment au niveau de la distribution», explique Mouloud Kheloufi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). La situation actuelle du ciment n'arrange nullement les entrepreneurs du bâtiment dont les projets ont déjà été entamé. «Si les choses restent en l'état, et que les prix du ciment ne vont pas baisser, il y a une forte certitude que des projets à l'instar du programme d'un million de logements prévus pour le quinquennat prochain ne seront pas achevés comme c'est ce fut le cas d'ailleurs pour le premier programme où il est constaté un retard considérable», fait-il savoir. Alors Mouloud Kheloufi réclame l'augmentation à 5 ans le délai de garantie au profit des entrepreneurs pour la réalisation des grands ouvrages. «Les entreprises qui réalisent des marchés importants de logements, de routes et d'œuvres d'art doivent avoir un délai de 5 ans de garantie pour préserver les ouvrages et chaque année le 1% sera prélevé», explique-t-il. A propos de la décision des pouvoirs publics d'importer l'équivalant d'un million de tonnes de ciment, le président de l'AGEA pense que cela n'arrivera pas à régler le problème. «Ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan», estime-t-il. La solution selon lui est que l'Etat intervienne. «L'Etat doit surveiller le marché en installant des agences de régularisation au niveau de chaque unité de production. C'est la condition sine qua non pour en finir avec cette crise récurrente qui porte préjudice aux grands projets», soutient-il. Autre solution selon lui, l'augmentation de la production notamment au niveau des cimenteries publiques tout en appliquant une mise à niveau de ces unités afin qu'elles soient performantes. Selon certains spécialistes, le problème du manque de ciment ne devrait pas se poser à l'Algérie. Ils estiment que si toutes les capacités de production étaient exploitées et que la maintenance des équipements était faite au moment opportun, c'est à dire pendant le laps de temps où la demande interne fléchit, notre pays aurait toute latitude d'exporter une partie de sa production. L'Algérie compte actuellement 12 cimenteries. Leurs capacités de production est de 11,6 millions de tonnes par an, alors que la demande est estimée à 14 millions de tonnes.