Ibn Ma'ra', ayant fini son instruction, se consacre, lui aussi, à l'enseignement. Il répand les doctrines de son maître tout en sachant qu'il ne l'égalera jamais. Un jour, alors qu'il faisait un cours sur les ablutions et ce qui les invalide, il entend Choudhi – qui s'était mêlé aux étudiants – dire : «Non, ce n'est pas ainsi !» Ibn Ma'r'a fait semblant de ne pas l'avoir entendu et poursuit. Après le cours, il va retrouver son maître et lui dit : «Maître, pourquoi es-tu intervenu de la sorte dans mon cours ? Tu m'as perturbé et il m'a fallu des efforts pour continuer... Maintenant, je voudrais que tu me dises ce que tu me reproches !» Choudhi se tait. Ibn Ma'r'a insiste : «Pourquoi as-tu dit que ce n'était ainsi qu'il fallait procéder.» Choudhi refuse toujours de répondre. «Maître, si tu refuses de parler, je ne pourrai pas m'améliorer !» Cette fois, le maître parle. «Si je suis intervenu dans ton cours, c'est parce qu'il ne fallait pas présenter les choses comme tu l'as fait !» L'élève se défend : «Je n'ai fait que répéter ce que tu m'as appris !» — Alors tu ne l'as pas répété correctement ! Ibn Ma'ra' est confus. «Si tu penses que je n'ai pas assimilé ce que tu m'as appris, alors permets-moi de suivre de nouveau tes cours !» Choudhi refuse : «Tu ne le peux plus, tu as achevé ton apprentissage ! — Mais tu dis que je n'enseigne pas bien ce que tu m'as appris ! — non, tu ne peux pas !»