Les gens finissent par découvrir que le marchand de bonbons est un saint homme et qu'il mérite un meilleur traitement. S'il a caché sous le masque de la dérision, ses qualités et ses vertus, c'est en réaction aux faux dévots qui font justement étalage de leur piété mais qui ne sont que de savants hypocrites ! Lui, il faisait étalage de déraison, mais c'était un homme de Dieu. Les gens se mettent à parler entre eux. «Cet homme est un saint. C'est vrai qu'il fait le pitre, mais il est animé d'une foi profonde…» On se rappelle alors qu'il donne des cours et que ces cours sont suivis par des dizaines d'étudiants. «On vient même de loin pour le consulter !» On cite untel qui, venant d'Andalousie pour rendre visite à sa tante, est devenu son disciple, tel maître vénérable, de Fès ou de Tunis, qui lui a rendu visite… Le sultan de Tlemcen entend parler de Choudhi et il ordonne qu'on le lui ramène. Il l'interroge longuement et les réponses qu'il lui fait le plongent dans l'admiration. «homme de Dieu, lui dit-il, veux-tu t'occuper de l'instruction de mes enfants ? Les précepteurs qu'ils ont eus jusqu'à présent ne leur ont rien appris de bon ! — J'accepte, dit Choudhi, mais tu me laisseras agir à ma façon ! — Tu feras comme tu voudras !