Résumé de la 1re partie n Alors qu'une bataille se prépare contre les Gaulois, Valerius – qui ne craint pas le ridicule – recueille un corbeau blessé et le soigne… On sait que demain aura lieu un affrontement entre les Romains et des Gaulois qui attendent sur le haut des collines. Réunis autour de gigantesques feux de camp, ils s'apprêtent au combat en soufflant dans des cornes de bœuf et en rythmant leur attente par un furieux concert de tambours et d'épées entrechoquées. La légion romaine, sagement installée dans son camp retranché, semble parfaitement indifférente à tout ce raffut. Mais au fond chacun se demande si demain il n'aura pas, par hasard, franchi la frontière inconnue et rejoint le royaume de Pluton. Avec ces diables de barbares gaulois, on devra en découdre et plus d'un Romain finira là sa jeune vie. C'est alors qu'un son de trompe parvient du poste de garde au nord du camp. Déjà, une silhouette insolite pénètre au centre du cercle de lumière qui marque le milieu du village de toile retranché des Romains. Il s'agit d'un Gaulois. Un géant gaulois presque nu. Sa barbe blonde et ses yeux bleus, les tatouages qui marquent son visage sont autant d'éléments destinés à effrayer l'ennemi. Sa large poitrine est barrée par deux baudriers de cuir qui soutiennent deux épées courtes. Dans la main droite le géant blond porte une hache de bronze de taille impressionnante. Au bras gauche il brandit un large bouclier hexagonal de cuir clouté de bronze. Le Gaulois, sûr de lui, s'avance vers le centurion qui porte le casque le plus empanaché. Il salue en brandissant sa hache et prend la parole. Son latin est un peu hésitant et son accent est plus que rocailleux, mais entre mots et gestes éloquents, il se fait comprendre — Demain grande bataille. Frères gaulois ne craignent pas d'aller rejoindre les dieux. Vous, Romains, nombreux soldats morts. Très mauvais. Si vous voulez éviter massacre, je propose bataille, moi tout seul contre le plus courageux des Romains. L'étonnement des Romains est complet. Etonnement et perplexité : un combat singulier au lieu d'une bataille. D'un côté l'économie en vies humaines serait importante, d'un autre côté un combat singulier contre un tel géant, une telle masse de muscles demanderait un champion particulièrement athlétique. Ah ! si la légion avait songé à s'adjoindre quelques-uns des gladiateurs professionnels qui soulèvent l'enthousiasme des foules romaines ! Un de ces barbares dont la vie compte aussi peu que celle d'un lion, d'un ours ou d'un taureau. Un Gaulois peut-être ! Et même un des frères du géant moustachu aux longs cheveux couleur de lin... Les centurions ricanent, mais devant la taille gigantesque du Gaulois, personne ne se propose pour relever le défi. En tant que tribun, c'est Valerius qui doit prendre la décision. Son regard parcourt le groupe des centurions. C'est parmi eux qu'il devra choisir le champion. Le chef du camp réfléchit. Inutile de songer à désigner un des soldats de la piétaille. Valerius se décide. Il lève la main droite en direction du Gaulois et annonce : — J'accepte ta proposition. Viens demain affronter notre champion. Salut à toi, salut à tes frères, salut à tes dieux. Le soir, autour du feu de camp, on discute de la proposition. Qui Valerius va-t-il désigner ? Va-t-il persuader quelqu'un de se porter volontaire ? Quelle gloire pour celui qui affrontera le géant gaulois en cas de victoire ! Un coup à défiler à Rome couronné de lauriers jusqu'au Capitole. Un coup à être porté aux honneurs suprêmes, à devenir un demi-dieu vivant... En cas de défaite le champion romain pourra simplement espérer un bûcher funéraire et une harangue posthume et hypocrite. (à suivre...)