Résumé de la 3e partie n Valerius décide que c'est lui qui affrontera ce fier Gaulois en combat singulier. Alors que le Gaulois prend le dessus, les Romains s'enferment dans un silence pesant… Le Gaulois, c'est évident, fait durer le plaisir comme un énorme chat face à une souris. De temps en temps, il apostrophe Valerius mais personne ne comprend un mot de ce qu'il dit. Valerius, le front ruisselant de sueur, se garde bien de s'épuiser en répondant. Les Romains poussent soudain un long gémissement. D'un coup d'épée fulgurant le géant gaulois vient de frapper l'épée de Valerius juste au-dessous de la garde et l'arme romaine vole dans les airs pour aller se planter dans le sable. Elle reste là un instant à osciller, hors de portée du tribun. Dans quelques instants l'épée gauloise va certainement s'enfoncer dans la poitrine de Valerius en transperçant la cuirasse dérisoire. Le Gaulois va-t-il laisser Valerius reprendre son épée ? Non, car d'un bond gigantesque, il vient de se placer entre l'arme et le Romain. Valerius va-t-il tenter de s'échapper dans une fuite honteuse ? Quand on le connaît, on ne peut y songer. C'est donc la fin. Mais le Gaulois, dans un geste tout à fait inattendu, vient de lancer sa propre épée au loin. La lourde arme de bronze vient s'enfoncer dans le sable tout à côté de l'épée romaine. Le combat se rééquilibre donc, en apparence. D'un autre bond le géant blond rejoint Valerius. Ses grands bras musclés se referment sur le noble mais chétif Valerius et l'enserrent comme une terrible tenaille de chair vivante et dorée par le soleil. Les bras liés au buste, Valerius subit l'étreinte brutale. Il a le souffle coupé et ses poumons se vident d'un seul coup de tout l'air qu'ils contiennent. Valerius sent que sa tête éclate et pousse un dernier gémissement qui ressemble à un râle mortel. Sa tête casquée se jette en arrière tandis que ses yeux s'injectent de sang et semblent vouloir jaillir hors de leurs orbites. Les plumes noires du casque s'ébouriffent sous le choc du puissant Gaulois. On entend les os de Valerius qui craquent sous sa cuirasse de cuir. Valerius qui pousse un hurlement de douleur... Les plumes noires qui couronnent le casque de Valerius semblent s'émouvoir de ce cri. Et soudain l'incroyable se produit. Le cimier du casque se détache et prend son vol. — Regardez, c'est le corbeau de Valerius qui était perché sur le casque ! — Evidemment, il ne le quitte jamais, et il adore se percher sur le métal brillant ! D'ailleurs Valerius a supprimé les plumes de son cimier pour faire de la place à son corbeau ! Le plumet noir du casque s'est donc transformé soudain en corbeau bien vivant qui plane au-dessus du combat. Le corbeau de Valerius, après avoir quitté le casque de son maître, évolue à quelques pieds au-dessus des combattants, comme s'il cherchait une idée... En attendant, Valerius passe un mauvais quart d'heure. Le géant gaulois ricane en l'enserrant entre ses biceps surdimensionnés. Les yeux bleus du guerrier barbare luisent d'une lueur de triomphe. Encore un instant et Valerius, la colonne vertébrale brisée, ne sera plus qu'un pantin désarticulé et privé de vie. Triste fin de carrière... Mais les dieux en ont décidé autrement. Le corbeau de Valeriuus pousse un «crok» strident, amorce une descente en piqué et se précipite sur le visage du Gaulois qu'il frappe aux yeux, au front, au nez. Le Gaulois reçoit le premier coup de bec sans trop y prêter attention. Une balafre rouge ensanglante immédiatement son front mais lui arrache à peine une grimace. Le corbeau de Valerius, d'un coup d'aile, s'éloigne des combattants. A suivre Pierre Bellemare