Résumé de la 50e partie n Westinghouse réagit : il engage un avocat pour mener une campagne contre la chaise électrique inventée par son adversaire, Edison. On pose à l'avocat de Westinghouse, Cochram, la question piège : — Pendre un homme est-il moins cruel que de l'électrocuter ? Evidemment, l'avocat ne peut pas ou ne veut pas défendre un mode d'exécution contre un autre, puisque à ses yeux, tous se valent. Ce qu'il veut, lui, c'est pourfendre l'électrocution, interdire la chaise électrique. — Il ne faut pas que Kemmler soit électrocuté ! Une partie de l'opinion publique est sensibilisée au problème et Westinghouse peut se féliciter du travail accompli par Cochram. C'est alors que la presse new-yorkaise publie cette information surprenante : «William Kemmler demande à être exécuté par l'électricité !» Westinghouse est désarçonné : au moment où il croyait renverser la situation, interdire l'utilisation de la chaise électrique, voici que le principal concerné intervient dans le débat, prenant ses défenseurs à contre-pied. Les journalistes qui se précipitent à la prison d'Auburn, lui demandent, ahuris : — C'est vous qui réclamez qu'on vous électrocute ? — Oui, déclare-t-il, sûr de lui. — Vous êtes au courant de ce qui s'est passé à Sing-sing ? — Oui, dit-il encore. Le prisonnier a été brûlé mais c'est un incident qui ne se répétera pas à Auburn ! Les journalistes sont ahuris. — Comment pouvez-vous en être si sûr ? — Le maire me l'a dit, le directeur de la prison aussi… On a fabriqué cette fois-ci une chaise qui fonctionnera parfaitement ! — On dit que les animaux qui ont subi l'électrocution ont poussé des cris, c'est donc la preuve que le moyen n'est pas indolore ! — On m'a assuré du contraire ! — Et vous les croyez ? — Pourquoi pas ? C'est préférable à la pendaison… Moi, j'ai vu des gens pendus, ce n'est pas du tout beau ! Même les criminels, ont droit à la dignité ! Une autre fois, Kemmler déclare, solennel : — Je suis fier d'être le premier à tester la chaise électrique… Je ferai la preuve que l'électricité est le meilleur mode d'exécution, les futurs condamnés me béniront ! William Kemmler était-il sincère, en tenant ce type de discours ? Il est possible qu'il ait accepté de subir l'électrocution, en espérant que l'exécution sera ratée et qu'il pourra bénéficier, comme son collègue de Sing-Sing d'une commutation de peine. Peut-être, veut-il aussi, susciter de la sympathie dans le public et pousser les abolitionnistes à réclamer sa grâce. Mais il se peut aussi qu'il pense réellement ce qu'il dit, qu'il veut, au moment de mourir, se racheter, en se rendant utile. Le rôle de criminel repenti, de héros même qui se sacrifie pour le bien des autres, n'est pas pour lui déplaire. Une chose est sûre, cependant : l'administration a réussi à le convaincre de préférer la chaise électrique à la pendaison… Au grand désespoir de Westinghouse. A suivre K. Noubi