Résumé de la 46e partie n Westinghouse est partisan du courant électrique alternatif alors qu'Edison est pour le courant continu. Les deux savants s'affrontent pour imposer leur système. Le public est vivement intéressé par cette polémique qui prend de l'ampleur et chacun des inventeurs a ses partisans. En 1888, Westinghouse distribue, au moyen de câbles légers, du courant alternatif dans les villes américaines. «Dangereux !», clame Edison. Et la suite des événements lui donnent raison. Franklin Léonard Pope, qui travaille pour Westinghouse, est électrocuté alors qu'il manipule un convertisseur situé dans le sous-sol de sa maison. — je l'avais dit ! triomphe Edison. — ce n'est qu'un accident, explique Westinghouse, et ce genre d'accident peut être, à l'avenir, évité. La presse parle du drame et jette quelque discrédit sur le système de Westinghouse. Celui-ci n'en poursuit pas moins ses installations. Edison demande aux autorités de limiter la tension électrique à 800 volts, mais sa requête est rejetée. Il fonde même une nouvelle société, la Westinghouse Electric and Manufacturing Compagny, qui sera renommée et l'année suivante, la Westinghouse Electric Corporation. Trente systèmes d'éclairage à courant alternatif sont installés et d'autres sont prévus, surtout après que l'ingénieur Oliver Shallenger eut mis au point un compteur électrique ressemblant à celui que l'on utilise pour le gaz. Westinghouse s'assure la collaboration d'un autre savant, Nokola Tesla, qui a d'abord travaillé pour Edison mais qui s'est séparé de lui pour une question de rémunération : il lui rachète un brevet sur le moteur alternatif, ce qui lui permet de continuer ses installations. Edison rage et cherche un moyen de nuire à son concurrent. Il se demande s'il n'y a pas un moyen de porter un coup à son adversaire, en discréditant aux yeux du public le courant alternatif. Il se rappelle l'électrocution de Pope et pense à une machine à exécuter, basée sur le courant alternatif. Le public, en assistant aux exécutions, ne manquerait pas d'associer la machine au courant alternatif et donc à Westinghouse. «Attention, il ne faut pas y toucher, vous risquez d'être électrocuté, comme les condamnés à mort !» Si Edison est l'inventeur de la chaise électrique, c'est un obscur criminel qui va l'expérimenter en donnant, lui aussi, son nom à l'histoire. Il s'appelle William Kemmler et il habite Buffalo, une ville de l'Etat de New York et il est plutôt pauvre. Pauvre et fruste, sans instruction ni formation particulière, il exerce divers métiers et vit d'expédients. C'est un immigré de fraîche date, venant de quelque campagne misérable d'Europe, rêvant de faire fortune en Amérique. Ce n'est pas le travail qui manque en cette période d'expansion économique, mais Kemmler n'est pas un homme à se contenter d'un salaire honnête, ni à travailler, toute la journée, dans une usine. Le gain facile l'attire beaucoup plus que le travail honnêtement rémunéré. Il se rend coupable de vols et il est condamné, mais ce ne sont pas les petits larcins qu'il a commis qui vont pousser les juges à le condamner à mort. C'est un autre délit, infiniment plus grave : le meurtre. (à suivre...)