Sidi Boudjemlil est un saint originaire de M'sila. Bien qu'il soit né dans cette région, il ne s'y est pas fixé. A l'époque, en effet, beaucoup de saints et de mystiques pratiquaient la siyaha, mot aujourd'hui désignant en arabe le tourisme, mais qui désignait, autrefois, une sorte d'errance que l'on effectuait dans un but religieux. Le saint quittait son lieu d'origine et partait au hasard, répandant sa doctrine, donnant sa bénédiction, réalisant des prodiges… Le saint, qui pratiquait la siyaha, était appelé sayeh, un mot qui a perdu son sens originel pour devenir synonyme de vagabond ! Les saints ne faisaient que passer dans les villages et les campements, mais ils pouvaient aussi se fixer quelque temps dans un lieu. C'est cet esprit d'errance qui explique, par exemple, qu'un saint dispose de plusieurs lieux, mosquées ou zaouïas, portant son nom. C'est le cas de Sidi ‘Abderrahmane. Parfois un saint peut rester plusieurs années dans un même endroit. C'est ainsi que Sidi Ahmed Benyoucef s'est fixé une vingtaine d'années dans les montagnes du Djurdjura et la tradition garde encore son souvenir. Mais aussi longue que soit la siyaha, le siyah reprend son bâton et va de nouveau sur les routes, à la recherche d'autres populations et d'autres disciples. M. A. Haddadou