Résumé de la 77e partie n Les saints ne faisaient que passer dans les villages et les campements, mais ils pouvaient aussi se fixer quelque temps dans un lieu. Cette seconde histoire que nous racontons à propos des bonnes intentions, de la niya, est attribuée à Sidi Boudjemlil, le saint originaire de M'sila. A l'époque, beaucoup de saints et de mystiques, pratiquaient la siyaha, mot aujourd'hui désignant en arabe le tourisme, mais désignant, autrefois une sorte d'errance, que l'on effectuait dans un but religieux. Le saint quittait son lieu d'origine et partait au hasard, répandant sa doctrine, donnant sa bénédiction, réalisant des prodiges… Les saints ne faisaient que passer dans les villages et les campements, mais ils pouvaient aussi s'y fixer quelque temps. C'est ainsi que Sidi Ahmed Benyoucef s'est fixé une vingtaine d'années dans les montagnes du Djurdjura. Mais aussi longue qu'elle soit, l'esprit de la siyaha reprend le saint, qui prend son bâton de pèlerin et va de nouveau sur les routes… Boudjemlil errait, il a parcouru des centaines de kilomètres, s'arrêtant quand il était fatigué, passant des nuits dans des villages ou alors à la belle étoile. Comme il était connu, les gens se faisaient un honneur de le recevoir. On le flattait, on l'adulait, on le gâtait même, contre une bénédiction. — Saint homme de Dieu, invoque pour moi le Seigneur Très Haut ! Sidi Boudjemlil donnait sa bénédiction à qui la demandait. Il profitait de son séjour, chez les gens, pour résoudre les conflits, pour réconcilier des familles et des tribus entre elles. Un jour, après avoir longtemps erré, il arrive dans la région de Touggourt. C'était à l'époque, une sorte de hameau qui comptait juste quelques maisons éparpillées. Il n'y avait ni place centrale ni mosquée et encore moins ce fameux quartier de Nezla, si pittoresque avec ses poutres en troncs de palmier. Quant à la population, elle se réduisait à quelques familles. Sidi Boudjemlil, épuisé par son long périple, aspirait à un toit. Il avait également faim et il ne dédaignerait pas un plat de couscous. Comme dans les autres lieux qu'il a traversés, le saint croit trouver l'hospitalité. Même si on ne le connaît pas, l'hospitalité est un droit de l'étranger. toute personne, qui croit en Dieu et à son Prophète, ne pourrait la lui refuser. La première maison à laquelle il s'arrête, paraît plus cossue que les autres, ici, il pourrait y trouver le gîte et le couvert. Il frappe à la porte. Un homme paraît. Il foudroie du regard le saint homme. — Qui es-tu ? Le saint est outré par l'accueil. Il se garde bien de décliner son identité. — Je suis un étranger de passage ! L'homme continue sur le même ton. — Et que veux-tu ? — Je viens demander l'hospitalité, au nom de Dieu et de son Prophète ! L'homme fronce les sourcils. — Je ne peux t'accorder l'hospitalité ! — Et pourquoi ? demande le saint. — Ma maison est étroite et je n'ai aucune nourriture à t'offrir. Va plutôt chez mon voisin, sa maison est plus spacieuse et ses réserves plus importantes que les miennes ! (à suivre...)