Un jour, après avoir erré longtemps, Sidi Boudjemlil arrive dans la région de Touggourt. C'était à l'époque, une sorte de hameau, avec quelques maisons éparpillées. Il n'y avait ni place centrale ni mosquée et encore moins ce fameux quartier de Nezla, si pittoresque avec ses poutres en troncs de palmier. Quant à la population, elle se réduisait à quelques familles. Sidi Boudjemlil, épuisé par son long périple, aspirait à un toit. Il a également faim et il ne dédaignerait pas un plat de couscous. Comme dans les autres lieux qu'il a traversés, le saint espère trouver l'hospitalité. Même si on ne le connaît pas, l'hospitalité est un droit de l'étranger. Toute personne qui croit en Dieu et à son Prophète, ne pourrait la lui refuser. La première maison devant laquelle il s'arrête, paraît plus cossue que les autres. Ici, il pourrait y trouver le gîte et le couvert. Il frappe à la porte. Un homme ouvre. Il foudroie du regard le saint homme. «Qui es- tu ?», lui demande-t-il méchamment. Le saint, outré par l'accueil, se garde bien de révéler son identité. Si l'homme apprenait qu'il s'agissait d'un saint, il ne manquerait pas de prendre peur et de se montrer obséquieux. Il serait même capable de lui ouvrir sa porte ! Mais comment réagira-t-il s'il lui cache sa qualité. «Je suis un étranger de passage !» L'homme continue sur le même ton : «et que veux-tu ?». M. A. Haddadou