Sidi Boudjemlil l'arrête. «Tu dis que tu ne peux me recevoir, pourtant, on vient de me recommander à toi !» L'homme s'emporte : — Qui t'a recommandé à moi ? demande l'homme méfiant. — Ton voisin ! — Et pourquoi lui ne t'a pas reçu ? — Il dit que sa maison est étroite et qu'il n'a pas de vivres ! — C'est un menteur ! — Tu peux me recevoir, toi… — Nous n'avons que faire d'étrangers, ici ! Il veut fermer encore sa porte. Le saint l'arrête de nouveau. — Si tu es croyant, dit Sidi Boudjemlil, tu ne peux me refuser l'hospitalité que je te demande au nom de Dieu et de son Prophète ! — Va-t-en, dit l'homme, sinon je te chasserai à coups de bâton. Sidi Boudjemlil doit partir. Il essaye d'autres maisons, mais personne ne veut le recevoir. Le saint homme s'emporte. «Vous êtes donc méchant à ce point ? dit-il au maître de la dernière maison qui, lui aussi, refuse de la recevoir. Partout où je vais, on me reçoit mais ici, toutes les portes, sans exception, se ferment devant moi.» Un homme, qui lui refuse également l'hospitalité, lui dit. — Va plutôt voir Béhadja. Le saint le regarde, étonné. — Qui est donc cette Béhadja ? L'homme rit. — Tu ne connais pas Béhadja ? — Non, dit Sidi Boudjemlil, je suis étranger à la région. — C'est vrai, dit l'homme. Béhadja est une jolie femme ! Elle vit toute seule, elle n'a ni parents, ni mari… M. A. Haddadou