Résumé de la 87e partie n Julia Upjohn informe Miss Bulstrode que sa mère est injoignable du fait qu'elle est partie pour l'Anatolie en autocar. Celle-ci est interloquée… Julia confirma de la tête avec vigueur : — C'est assez son style. Et puis c'est formidablement bon marché. Un peu inconfortable, mais maman s'en fiche. En gros, je crois qu'elle devrait arriver à Van dans environ trois semaines. — Je vois.., oui. Dites-moi, Julia, votre mère vous aurait-elle jamais dit qu'elle avait vu ici quelqu'un qu'elle aurait connu pendant ses activités de guerre. — Non, miss Bulstrode. Je ne crois pas. Non, je suis sûre que non. — Votre mère faisait du renseignement, n'est-ce pas ? — Oh ! oui. Apparemment, elle a adoré ça. Moi, ça ne me paraît pas très excitant. Elle n'a jamais rien fait sauter à la dynamite. Elle n'a jamais été arrêtée par la Gestapo. On ne lui a jamais arraché les ongles des orteils. Ni rien de ce genre. Elle travaillait en Suisse, me semble-t-il - ou au Portugal ?... On finit par se lasser de toutes ces vieilles histoires de guerre. Et j'ai bien peur de ne pas toujours écouter comme il faut, conclut-elle en manière d'excuse. — Eh bien, merci, Julia. Ce sera tout. — Vraiment ! s'exclama miss Bulstrode après son départ. Partir pour l'Anatolie en autocar ! La petite nous a dit cela exactement comme elle nous aurait raconté que sa mère avait pris le bus 73 pour aller faire ses courses chez Marshall & Snelgrove ! Revenant du court de tennis l'air morose, Jennifer balançait sa raquette. Le nombre de doubles fautes qu'elle avait commises dans la matinée la déprimait. Non pas qu'on puisse imaginer placer jamais un ace avec pareille raquette. Mais il lui semblait qu'elle ne savait plus servir comme il faut depuis quelque temps. En revanche, son revers droit s'était nettement amélioré. Les leçons de miss Springer avaient porté leurs fruits. Sous bien des aspects, c'était dommage que la Springer soit morte. Jennifer prenait le tennis très au sérieux. C'était l'un des rares sujets sur lesquels il lui arrivait de réfléchir. — Excusez-moi... Jennifer releva les yeux en sursautant. Une femme élégante aux cheveux blonds, portant un long paquet plat, se dressait sur le sentier, à deux mètres à peine. Jennifer se demanda pourquoi elle ne l'avait pas vue arriver à sa rencontre. Il ne lui vint pas à l'esprit que la femme avait pu se dissimuler derrière un arbre ou un massif de rhododendrons et sortir de sa cachette. Semblable idée ne serait jamais venue à Jennifer : pourquoi diable une femme irait-elle se cacher derrière des rhododendrons pour en surgir tout à coup ? La femme s'exprimait avec un léger accent américain : — Je me demandais si vous ne seriez pas par hasard en mesure de m'indiquer où je pourrais trouver une jeune personne qui s'appelle... A suivre D'après Agatha Christie