Opinion n Karim Chikh des éditions Apic estime que l'édition algérienne, certes, s'est améliorée et s'est développée, mais il reste encore beaucoup à faire. Info Soir : Qu'est-ce qui a favorisé l'émergence et le développement de l'édition algérienne ces dix dernières années ? Karim Chikh : Effectivement, depuis quelque temps, nous constatons la création de plusieurs maisons d'édition, particulièrement depuis l'événement «L'année de l'Algérie en France» en 2003. Nous sommes d'ailleurs le fruit de cet événement. D'autres événements ont vu naître d'autres éditeurs, comme la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe» en 2007. Cela est plutôt réjouissant et encourageant. Mais combien d'éditeurs, en réalité, font l'actualité livresque en Algérie ? Peu. Des livres ont été publiés dans ces cadres-là, en partenariat avec les pouvoirs publics, le ministère de la Culture en l'occurrence, avec des conventions signées mais hélas non respectées par l'éditeur. L'éditeur-commerçant se contente de publier la quantité commandée et basta. Aucune visibilité pour la création. C'est lamentable. On peut constater également qu'il y a plus de gens qui écrivent. Quelles en sont les raisons ? Plus d'écrivains, vous dites, certes. Car plus de maisons d'édition. Disons que la période est plutôt favorable : les pouvoirs publics rouvrent le fonds d'aide à la publication. Et cela stimule un peu plus la création. Quant à la qualité de ce qui s'édite ceci est une autre question. En tant qu'éditeur, que pensez-vous de ce qui se fait en matière d'écriture ? Le fond de la question est là. Que produisent l'écrivain et l'éditeur ? Car un livre publié n'est pas seulement le fruit de l'écriture. C'est aussi le travail de l'éditeur. Il est question, donc, de la crédibilité de l'auteur et de l'éditeur. En matière de littérature, par exemple, en général, un travail énorme est à fournir. Particulièrement de la part de l'éditeur, qui peut exiger de l'auteur plus de rigueur dans son écriture, ou de l'orienter. Malheureusement, ce ne sont pas tous les écrivains qui acceptent cette démarche. Ils finissent par atterrir chez d'autres éditeurs, moins exigeants, pour se faire publier.