Phénomène n C'est peut-être dans l'enceinte des stades que cette violence, longtemps refoulée, s'exprime avec le plus de force. Nous ne parlons évidemment pas de batailles rangées entre supporters dans les tribunes ni des jets de tessons au-dessus des têtes — c'est un classique — mais plutôt de cette autre violence gonflée et amplifiée à la sortie des matches où tout est brûlé, cassé, défoncé, calciné par des fans en colère. La police est parfois débordée et le sinistre s'élève à plusieurs dizaines de millions de dinars. Il y a pire dans le scénario, surtout lorsque la rencontre de deux équipes est capitale pour l'une comme pour l'autre dans le cadre de l'accession. Le meilleur exemple nous vient d'Oran. Il y a deux ans, la chute du club phare de la ville, le MCO à Chlef face à l'équipe locale et sa rétrocession en division II, a été vécue dans la cité comme une haute trahison des dirigeants. Pendant une semaine les quartiers populaires d'El-Hamri et de Saint-Pierre seront sens dessus dessous, une bonne partie du mobilier urbain sera saccagé ainsi que des magasins et des bureaux. Un village à la limite d'Oran, Hassi Mefsoukh prendra le relais en solidarité avec les émeutiers. Là encore des routes seront barrées et des pneus seront brûlés. La police évidemment arrêtera les perturbateurs, dont de nombreux élèves de CEM, et les casseurs qui ont profité de ces manifestations pour ajouter encore à la confusion. Une autre forme de violence est née depuis quelques années en milieu urbain et que l'on pourrait appeler du nom générique de protesta urbaine, que nous devons en grande partie à la mauvaise gestion de certains responsables et surtout à leur absence de projet et donc à leur incapacité à se projeter dans le futur. Dans certaines grosses agglomérations du centre, de l'est ou de l'ouest du pays de nombreux écoliers et de nombreux citoyens fauchés et tués net par des véhicules qui traversaient l'avenue centrale à une vitesse excessive. Il aura fallu que la population manifeste son ras-le-bol devant cette hécatombe et qu'elle menace de tout brûler pour que les élus daignent enfin réaliser quelques dos d'âne pour obliger les automobilistes à ralentir. Lassés par des coupures de courant à répétition avec tous les dégâts que cela suppose en matière de réfrigération des aliments et des viandes, de nombreux citoyens n'ont pas hésité à manifester leur colère et à investir les rues, à défaut de faire entendre raison à une entreprise qui communique mal. Et parfois pas du tout au point que cela ressemble à de la maladresse pure et simple. A-t-on idée de procéder à des délestages au moment où la Coupe du monde est retransmise en direct à la télévision ? C'est une simple question de bon sens. On aurait pu faire l'économie de pareilles «boulettes» par un avis envoyé par facteur ou un placard publicitaire dans quelques journaux à grand tirage en plus d'un communiqué à la radio. Même violence à peine étouffée au moment où la liste des bénéficiaires de logements sociaux est affichée. C'est la levée générale de boucliers. Certains maires ou leurs adjoints sont physiquement agressés quand ils ne sont pas enfermés pendant des heures dans leurs bureaux. I.Z