Sidi Aïssa arrive et s'apprête à prendre place au milieu de l'assistance. Il manque d'écraser le nouveau-né qu'il feint de ne pas voir. «Attention, attention, se met-on à crier de toutes parts, tu vas écraser le petit innocent ! Fais donc attention !» Sidi Aïssa se baisse et prend le petit. Il le regarde attentivement puis, se retournant vers l'assistance : «Vous avez cru, ô gens, que par mégarde, j'allais écraser ce petit être. Mais si je l'avais fait, pensez-vous que le crime aurait été aussi grand que si j'avais tué un adulte ? Cette réponse étonne les gens qui se mettent à crier : «Bien entendu, la vie d'un être humain est une vie, qu'il s'agisse d'un nouveau-né ou d'un adulte ! Nous n'y voyons aucune différence !» La réponse plaît à Sidi Aïssa qui sourit. «Vous avez bien parlé, une vie est une vie, qu'il s'agisse d'un nourrisson ou d'un adulte, elle est, aux yeux de Dieu, sacrée. Mais dites-moi, pourquoi cet enfant a-t-il été placé ici ? Ce n'est pas un endroit pour un nourrisson. Ce dernier doit être, soit dans son berceau, soit dans le giron de sa mère.» On s'empresse de mettre au courant le saint de la promesse du père de l'enfant : une promesse qu'il n'est certainement pas en mesure d'honorer, puisque la brebis qu'il produit – on la montre au saint – a des oreilles ce qu'il y a de plus normal !