Tout saint faiseur de miracles qu'il était, Sidi Aïssa se remettait toujours humblement à Dieu. Il lui était totalement soumis et demandait à ses disciples de n'invoquer que lui et de ne lui associer personne d'autre. Quand quelqu'un, poussant un soupir, disait : «Ah, Sidi Abdelkader, aie pitié de moi !» Il lui faisait aussitôt des remontrances : — Ne demande pas à Sidi Abdelkader d'avoir pitié de toi, mais à Dieu Qui t'a créé et fixé une destinée ! L'homme ne comprend pas cette réaction. — Mais, Sidi Abdelkader est un saint vénéré dans tout le pays. — Je le sais, dit Sidi Aïssa, et je le respecte beaucoup. — Alors pourquoi m'interdis-tu de l'invoquer et de lui demander de l'aide ? — Sidi Abdelkader n'était qu'un homme, certes un vertueux et un pur, aimé de Dieu Très-Haut, mais ce n'était qu'un homme ! — Alors qui dois-je invoquer ? — Invoque Dieu Seul ! Quant aux miracles que Sidi Aïssa faisait, il ne les considérait pas comme les signes de sa force, mais comme la manifestation de la puissance Dieu. — C'est avec l'autorisation de Dieu que ces choses extraordinaires s'accomplissent, moi, je ne suis que l'instrument par lequel Dieu opère. La source de lait, le puits de goudron, les cornes de la bêtes qui s'allongent ou encore la source d'eau douce au milieu d'un lac salé : tous ces miracles qu'il a accomplis et que nous avons rapportés ne sont que des manifestations de la puissance divine et, comme disent les pieux musulmans, des karamate, des privilèges accordés aux serviteurs vertueux du Dieu, Unique et sans associé.