Résumé de la 2e partie n Jojo et Paméla rentrent sous la pluie, les santiags trempées. Sur le pont, ils croisent Maurice et Filoche… Filoche reçoit un coup de santiag qui lui ébranle la mâchoire et il se met à hurler. Là-bas, sous le kiosque à musique, tout le groupe entend Filoche japper d'un air pitoyable. Puis des bruits de voix. Quelqu'un dit, sans y prêter trop d'importance : — Ça chauffe sur le pont... — Pour une fois qu'il se passe quelque chose. On va jeter un œil ? Maurice semble sortir d'un rêve éveillé. Le jappement de douleur de Filoche le fait retomber sur terre : — Pourquoi est-ce que vous frappez mon Filoche ? Qu'est-ce qu'il vous a fait ? Viens ici, mon Filoche, viens ! — Ce qu'il m'a fait, vieux schnock ? Il a essayé de me mordre ! Je vais la pulvériser, cette espèce de moquette pelée. Et Jojo décoche un second coup de pied à Filoche, qui l'évite de justesse. Alors Jojo saisit les revers de la gabardine de Maurice et se met à le secouer. Les lunettes de Maurice tombent à terre et Jojo, abruti de colère et de bière, les écrase d'un coup de talon. Puis, tenant fermement Maurice de la main gauche, il décoche un coup de poing au menton du pauvre homme qui perd connaissance. Mais Jojo ne s'aperçoit pas de l'état où il vient de plonger sa victime. Paméla s'approche et dit d'un ton geignard : — Laisse tomber, Jojo, tu vois pas qu'il est dans les pommes ? Non, Jojo ne le voit pas. Lui aussi, d'une certaine manière, est «dans les pommes». Il s'acharne sur Maurice qui n'est plus qu'un pantin désarticulé et inconscient. Il continue à l'insulter et à l'apostropher : — Alors, vieux sagouin, tu dis rien ! T'as la trouille, hein ! Tu fais moins le faraud. Tu sais à qui tu as affaire ? C'est moi, Jojo Clampin, champion de boxe de la cité des Milaudes... Tu veux que je te montre ce que je fais à ceux qui osent me défier ? Maurice n'est plus en état de défier personne. Mais Jojo, à force de le secouer, déclenche un mouvement involontaire de la jambe gauche de Maurice qui vient heurter le tibia de Jojo qui prend ça pour une attaque perfide. — Ah ! Ah ! Tu veux me casser la patte ? Tu crois que je vais me laisser faire ? Tu me connais mal. Tu vas voir. Mais Maurice, inconscient et sans lunettes, ne verra rien. Son silence surexcite Jojo qui soudain est frappé par une idée nouvelle : — Des excuses ! Tu vas me faire des excuses, mon salaud ! Et à genoux en plus ! Et plus vite que ça ! Plus vite que quoi ? Maurice vient de glisser sur le trottoir du pont. Il gémit faiblement. Jojo, énervé par ce qu'il prend pour une sorte de réponse, insiste — Alors, ça vient ces excuses ? Comme Maurice ne répond pas, Jojo lui décoche un coup de santiag dans les côtes. Paméla dit faiblement : — Arrête ! Tu vas le tuer ! Mais Jojo se sent en forme. Après le ventre, il attaque le menton de Maurice d'un coup de bout ferré bien ajusté. Ça craque un peu et un filet de sang coule de la bouche du malheureux. Là-bas, sous le kiosque, le groupe des jeunes remue. Ils se lèvent et s'engagent sur le pont. Après tout, les hurlements de Jojo laissent présager quelque dispute plus pittoresque que tragique. Une bagarre entre clochards : ça fera toujours un sujet de conversation pour le lendemain dans la cour du collège. (à suivre...)