Evocation La première journée commémorative a été parrainée par Denis Martinez, artiste peintre et chargé de cours à l?Ecole des beaux-arts jusqu?aux événements tragiques qui ont secoué l?Algérie. «L?instant mémoire» ; l?instant des retrouvailles, l?instant d?une mémoire exhumée, de souvenirs retrouvés ; l?instant de paroles, de sourire, de murmures ; l?instant de gestes, d?une penser pour «elle», pour «eux», pour Asselah, pour Anissa, Ahmed et Rabah, trois noms qui ont marqué, par leur destin tragique, une destinée commune, l?histoire, la nôtre, celle de l?Algérie. «L?instant mémoire», dédié à Asselah, est le générique d?un ensemble de manifestations artistiques, musicales et de performance picturale autour de rencontres et de conférences. Les journées commémoratives ont débuté jeudi à l?Ecole supérieure des beaux-arts et se poursuivront jusqu?à la fin du mois en cours. En présence d?un public nombreux, étudiants, amis et visiteurs, l?ouverture a été marquée par une prestation de karkabou ; au même moment, Denis Martinez invite le public à effectuer une procession jusqu?à l?endroit où il devait procéder au chaulage ; alors que les karkabou continuent leur jeu de cuivre et de t?boul. Denis Martinez chaule, çà et là, à coups de pinceau, une surface donnant naissance à une image, à des éclaboussures, à des traces marquant une empreinte, un geste, un souvenir; suivi par la suite d?une lecture de textes de l?écrivain, poète et dramaturge Kateb Yacine. Des textes inédits ont été lus par l?ancien directeur du Théâtre national algérien, Ziani Cherif Ayad. Pendant presque une heure, il a su, par sa voix imposante, attirer l?ouïe de l?assistance et la tenir en haleine. Plus tard, Denis Martinez revient à la charge, accompagné du groupe El-Hillal Karkabou de Blida. Il exécute une belle performance mêlant la voix, les gestes, le tout dans une théâtralité plastique ; il lisait, tout en occupant, en remplissant l?espace qu?il investissait ; il disait le texte à la manière d?un derwiche ; le texte laissait entendre une écriture surréaliste, symbolique. A la fin de la cérémonie de commémoration, le public a été invité à voir et à admirer une performance pyrotechnique : sur le sol sont écrits les noms de Asselah (Rabah, Selim et Anissa) en caractères gras, avec une poudre jaunâtre qui, au contact du feu, entame aussitôt une magnifique réaction chimique, spectaculaire et éblouissante ; elle s?enflamme, donnant dans la nuit un plaisir aux yeux, créant une lumière chaude et chromatique. Et c?est sur cette performance de feu, ce jeu de pyromane, sur ces instants éphémères dans le temps, mais durables dans notre mémoire que la première journée «L?instant mémoire» s?est achevée, augurant, néanmoins pour les jours à venir, d?autres découvertes aussi sensationnelles que riches en émotion.