Depuis 1934, et la première participation de l'Egypte, treize pays africains ont disputé une phase finale de Coupe du monde, jusqu'à l'avènement de l'Afrique du Sud en tant que pays organisateur de cet événement planétaire. En soixante-seize ans, trois fois seulement, un pays africain a réussi à atteindre les quarts de finale : le Cameroun, en 1990, le Sénégal, en 2002, et le Ghana, hier, après avoir enjambé un adversaire américain donné favori et surtout à la réputation «d'immortel». En effet, les hommes de Bradley ont affiché, jusqu'ici, un visage séduisant et un mental de fer qui leur a permis de sortir des poules après avoir reconquis un but d'écart face aux Anglais, deux contre les Slovènes et ruiné le rêve algérien dans le temps additionnel. Et si le les Verts de Rabah Saâdane ont fait douter les Américains durant quatre-vingt-dix minutes, les Black Stars du Ghana ont réussi à les faire craquer dans les prolongations, en démontrant qu'ils étaient plus forts. Car si les Américains, emmenés par leur star Donovan, ont pu revenir au score en seconde mi-temps, les Ghanéens avaient les armes et les atouts que les Algériens n'avaient pas ou dont ils n'ont pas osé faire usage, pour l'emporter. Faisant ainsi mieux qu'en 2006 lorsque, pour leur première participation à une phase finale de Coupe du monde, ils sont tombés en huitièmes devant le Brésil, après s'être brillamment extirpés de leur groupe en battant les Turcs (2 à 0) et ces mêmes Américains sur le même score (2 à 1). Mais les Ghanéens ont beaucoup appris en Allemagne, sous la houlette du Serbe Ratomir Dujkovic où ils avaient la plus jeune équipe du tournoi (24 ans de moyenne d'âge), et c'est sous la conduite d'un autre compatriote cette fois, Milovan Rajevac, qu'ils reviennent en 2010 avec plus d'ambitions pour faire honneur à leur rang de puissance du football africain. Sous le règne de «Miki», celui qui a fait sourire plus d'un lorsqu'il a repris les rênes des Black Stars en 2008 en remplacement de Claude Le Roy à cause de son modeste CV, le Ghana a pris une nouvelle dimension. A 56 ans, Rajevak a imposé ses idées, une certaine rigueur et surtout un coup magistral sur le plan tactique faisant varier son plan de jeu entre le 4-2-3-1 et le 4-5-1 qui lui donneront raison lors de la CAN-2010 en Angola où, sans Muntari (écarté pour indiscipline), Appiah, Mensah, Paintsil et surtout Essien, il permet à son équipe de terminer vice-championne d'Afrique. Car à la fantaisie, la technique et à l'improvisation purement africaines, Rajevac rajoute une circulation rapide du ballon, privilégiant une présence physique de tous les instants et une recherche constante de l'efficacité maximale. Ce qui a fait d'ailleurs la différence, hier, face aux Américains, avec une équipe qui a bien réussi l'amalgame entre cadres et jeunes loups, à l'image de Jonathan Mensah (20 ans), Anthony Annan (24 ans), Samuel Inkoom (21 ans), Kwadwo Asamoah (22 ans), Kevin-Prince Boateng (23 ans). C'est dire l'immense vivier de ce pays, déjà champion d'Afrique à quatre reprises et qui compte des consécrations continentales et surtout mondiales chez les jeunes catégories (vainqueur de la Coupe du monde des moins de 20 ans en 2009). Première nation africaine à avoir décroché une médaille olympique, c'était à Barcelone en 1992, le Ghana tentera, ce vendredi, de devenir la première équipe du continent à atteindre les demi-finales d'un Mondial en affrontant l'Uruguay, qui, lui, revient à ce niveau depuis quarante ans (1970 au Mexique). Les Black Stars seront privés de leur défenseur Jonathan Mensah et de leur milieu André Ayew, le fils du légendaire Abedi Pelé (Ballon d'Or africain en 1991, 1992 et 1993) sorti tout droit de son académie du FC Nania, mais auront suffisamment d'autres éléments de valeur et de détermination de créer l'exploit que toute l'Afrique espère. Et l'Afrique croit en son étoile.