Sidi Badahmane s'approche de la jument, qui, de sa queue, chasse les mouches qui tournent autour du sac. «Que contient ce sac ?» Il remarque qu'il dégouline de sang. La jument, elle, continue à chasser les mouches de sa queue. «Où est mon fils ?» C'est alors qu'il voit un doigt sortant du sac. Il reconnaît la bague de son fils. Surmontant son aversion, il ouvre le sac et découvre les restes de son fils. «Qui a bien pu commettre un tel massacre ?» Mais ce n'est pas le moment des interrogations. Le saint homme retire les morceaux du corps, les lave, puis leur donne une sépulture. Il va ensuite retrouver la jument et, en lui donnant une tape sur la croupe, il lui dit : — Maintenant, tu dois venger ton maître, si tu ne le fais pas, je te jetterai au feu ! La jument part aussitôt au galop. Elle arrive à l'endroit où a été tué Moulay Ezzine, puis suit la trace des meurtriers. Elle parvient ainsi au ksar et, passant devant les maisons, elle souffle sur les portes : selon la tradition, tous les habitants, du premier jusqu'au dernier, tombe raide mort et les maisons, une à une s'écroulent. C'est ainsi, continue la tradition, que le ksar de Imaghyaz a été ruiné. La tribu qui l'habitait, les Aït Bouaïcha, qui aurait été une puissante tribu, a disparu.