De notre bureau : A l'approche du ramadan, chacun affûte ses armes selon ses intérêts bien entendu ! Les commerçants redoublent d'ingéniosité afin d'inciter la ménagère à plus d'achats et les services de contrôle semblent privilégier cette période pour défendre – ou protéger – davantage le consommateur. Amer Yahia Mourad, le nouveau directeur du commerce pour la wilaya de Blida, entend redynamiser son secteur en remettant en service la brigade des poids et mesures (métrologie), longtemps mise en veilleuse. «Nous nous devons également de sensibiliser le citoyen pour qu'il se prenne en charge et qu'il soit plus regardant sur la qualité des produits. Nous ne pouvons tout prendre en charge lorsque nous savons que nous ne disposons en moyenne que d'un contrôleur pour 750 commerces et que nous nous trouvons en face de plus de 47 000 commerçants inscrits au Registre du commerce dans la wilaya de Blida», déclara-t-il. L'action entreprise, ces jours-ci, est dirigée spécialement vers les produits agroalimentaires et une collaboration avec les services vétérinaires de chacune des 25 communes que compte la wilaya, vient d'être relancée. Infractions à la qualité et à l'hygiène, déficience dans l'affichage des prix : des centaines de P.-V. sont transférés à la justice mais le directeur du commerce insiste surtout sur la sensibilisation du citoyen, «le seul à même d'imposer une réalité plus sage du rapport commerçant / acheteur, notamment en cette période de grandes chaleurs, de l'approche du ramadan et de tout ce que cela signifie comme dépenses», conclut M. Amer Yahia qui a donné le chiffre déjà élevé de plus de 4 500 infractions pour le premier semestre de l'année en cours. Que dire lorsque le marché informel agit en toute indépendance et qu'il prolifère encore à l'approche du ramadan ? Ville des Roses : une médiathèque fort utile Depuis la prise en charge du centre culturel du quartier des Rosiers par la direction de la jeunesse et des sports de Blida, toute une ambiance s'est installée dans les lieux. Près de 3 milliards de centimes ont été nécessaires pour la réfection et la dotation en équipements. Près de vingt ordinateurs, des ateliers de musique avec apprentissage du piano pour trente enfants, de la guitare sèche à laquelle des dizaines de filles et garçons adhèrent, du solfège pour tout le monde. La bibliothèque de la médiathèque est riche de ses 600 adhérents qui cotisent à hauteur de 400 DA / an et une possibilité leur est offerte d'accéder à l'Internet haut débit. Des ateliers de peinture sur verre, de travaux manuels pour les tout petits ( de 3 à 5 ans), et des cours de langues sont institués pour le plus grand plaisir des parents. Rachid, présent dans les lieux, affirme : «Je peux maintenant dire que mes enfants sont en sécurité pendant que je suis au travail ! Notre quartier avait besoin de ce genre de centre pour occuper les enfants.» Rahmani Fadhloun, directeur de la médiathèque, confirme tout le bien qu'inspire le lieu : «Nombre de parents n'arrivent plus à trouver de places pour leurs enfants, notamment pour le stage intensif d'anglais aux petits durant ces vacances d'été à raison de huit heures par semaine. L'espace «jardin», malgré sa petite superficie, ajoute à la beauté du cadre et le patio, à la mode arabo-musulmane, donne à l'ensemble une ambiance de jeunesse, de travail et de bonheur. Patrimoine de la DJS depuis octobre 2004, l'espace qui s'étend sur 33 ares, est d'un apport certain pour toutes les cités environnantes à forte concentration humaine, les établissements scolaires et même à une cité universitaire. Sidi el-Kébir, une profanation et du bricolage l Comment inspirer respect aux tombes des lieux saints de la ville de Blida ? La question mérite d'être posée à tout le monde, en ces moments de grandes chaleurs, où certaines personnes ne discernent pas le bien du mal. Sidi El-Kébir, un centre d'habitation sur les hauteurs de Blida,, lieu d'implantation du mausolée de Sidi Ahmed El-Kébir, unificateur et rassembleur des populations de Blida au XVIe siècle, qui avait assuré l'hospitalité à la communauté musulmane fuyant l'Inquisition espagnole, a été profané, notamment ses lieux de prière où des hommes et des femmes viennent allumer des cierges, répandre du henné et faire des offrandes. Longtemps à l'abandon, le mausolée a – enfin –, reçu le budget nécessaire à sa rénovation, mais une impression de bricolage plane sur l'ensemble de sa restructuration. De jeunes manœuvres vociférants, des poutres placées à la manière des haciendas espagnoles côtoient la fontaine centrale, lieu des ablutions et abreuvoir pour les animaux. La restauration de certaines des chambres obéirait à des exigences beaucoup plus rigoristes de la conception musulmane de l'architecture. L'absence à Blida d'une association de sauvegarde de sites anciens laisse libre cours à toute sorte d'initiative et le Comité des Sages pour la wilaya de Blida pourrait intervenir dans ce créneau en faisant appel à des chercheurs en histoire et en architecture, présents à l'université de Blida. Adriana Lassel, «Un parfum de vie» C'est une passionnée de l'Algérie, de la recherche scientifique, d'une ville qui lui rappelle son pays natal et de la vie ! Cela donne Un parfum de vie, un roman de l'auteur Adriana Lassel, paru récemment à Thala Editions et traduit de l'espagnol par Chahrazed Mered. La ville de Blida revient souvent à travers les 134 pages qu'on peut lire d'un trait tant la trame est captivante. Un enseignant du secondaire devenu professeur de littérature espagnole puis chercheur en littérature andalouse musulmane, se voit entraîné des années après sur les lieux même d'un amour demeuré en suspens. Blida lui ouvre — de nouveau — ses portes au moment même où tout le pays sombre dans la violence et la flamme se rallume pour une femme, Hayet, en parallèle avec son objet de recherche qui le replonge dans la dure réalité des morisques, ces Espagnols des XVIe et XVIIe siècles objet de l'Inquisition hispanique. «J'ai voulu faire savoir aux lectrices et aux lecteurs algériens qu'il existe une communauté morisque qui est venue en Algérie» a aimé dire Adriana Lassel, laquelle revit à travers cette lecture de manuscrits aljamiados — langue des Morisques ayant véhiculé toute une culture transcrite en langue arabe pour la langue espagnole — même des moments d'amour. Ainsi, «trois périodes sont revisités : le XVIIe siècle, les années de jeunesse post-indépendance de l'Algérie et les récentes années noires vécues par le pays», révèlent l'auteur qui aime revenir à Blida, «une jolie ville où il fait bon vivre et où nous venions souvent, mon défunt mari et moi, parce qu'il avait de la famille et que nous faisions parfois notre marché au souk de Blida.» Elle dira qu'elle a toujours un faible pour Blida, «cette ville qui a quelque chose d'un paysage qui ressemble à mon pays, le Chili et l'Histoire de Blida, ville quelque peu fondée et peuplée par des Andalous, m'enchante.» Vacances : dure la réalité ! «Je n'ai pas encore pu faire découvrir les joies de la mer à mes enfants» assure Ahmed, un père de 5 enfants, désemparé, en ces jours de grandes chaleurs, du mois de juillet. Travaillant à son propre compte, il ne trouve pas assez de ressources financières pour «fuir» la ville de Blida, une cuvette trop chaude en été et trop froide en hiver. Faisant ses calculs des dépenses, il arrive vite à la somme de 2 000 DA pour une journée, «le sixième de mon salaire de misère.» Sarah, jeune mariée, n'a pas de voiture et n'est pas habituée à prendre le transport en commun. «Nous attendons toujours, mon mari et moi, le bon-vouloir de mon beau-père pour bénéficier du véhicule familial, ce dernier servant à toute la famille.» Une journée passée à la mer revient à plus de 1 500 DA pour le jeune couple parce qu'«il faut aussi faire le plein par politesse», dit la jeune femme. De jeunes lycéens de Blida ayant obtenu le bac et voulant le fêter au bord de la mer, ont trouvé la mort dans un accident tragique à Tipasa, assombrissant davantage le moral de tous ces jeunes auxquels manquent les moyens de se détendre. Celles et ceux qui restent en ville ne trouvent point d'échappatoire, si ce ne sont des moments passés au frais dans des chambres climatisées. «La fraîcheur se paie au prix fort et, sans parler de la facture électrique, j'ai dû engager un prêt pour l'achat d'un climatiseur m'ayant coûté au total 27 000 DA, installation comprise», déclare un père de famille. Des jeunes formant des groupes se débrouillent pour passer quelques jours de camping «sauvage» au bord de la mer, mais ils ne représentent qu'une infime partie de ces centaines de milliers de Blidéens, les filles étant carrément absentes de ces initiatives. Cloîtrées à la maison, même la fraîcheur nocturne leur arrive par bribes puisque les sorties nocturnes ou les veillées au bas des bâtiments des cités leur sont interdites. Avec la perspective de l'arrivée prochaine du mois de ramadan, le triste horizon n'incite guère au sourire pour cette frange de la population algérienne.